(Roman) Légendaire arthurien
AUTEUR : Jean-Louis FETJAINE (Fr)
EDITEUR : Fleuve Noir, 2/2014 — 348 p., 19.90 €
SERIE : Les chroniques des elfes
COUVERTURE : Frank Cadogan Cowper
Critiques
: www.actusf.com
(Jérôme Vincent-Interview)
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(Gillossen)
→ Depuis
quelques années Jean-Louis Fetjaine s’est imposé au public
français comme l’un des meilleurs adaptateurs de la mythologie
arthurienne parvenu à se hisser au même rang que ses nombreux
homologues anglo-saxons toujours tentés de s’enfoncer dans les
substrat légendaire riche en implications qui accompagne les
trajectoires tourmentées de personnages aussi emblématiques que le
roi Arthur ou l’enchanteur Merlin. Grand voyageur des territoires
de la féerie, Jean-Louis Fetjaine a su y ajouter toute la saveur de
la magie des elfes accompagnés, comme il va de soit, par toute une
horde de créatures sombres sans lesquelles les défenseurs du Bien
auraient eut une vie bien terne et bien morose n’ayant aucun
adversaires à leur taille pour prouver leur valeur. Reportant notre
attention sur les deux protagonistes cités précédemment, l’auteur
choisit ici de focaliser notre lecture sur la reine Guinevere (la
Guenièvre que nous connaissons), souvent exploitée en tant que
faire valoir dans la tradition arthurienne et utilisée uniquement
pour mettre en valeur les dissensions internes minant le cercle de la
Table Ronde en plaçant sa figure adultérine entre l’opposition
magnifiée Lancelot/Arthur empreinte d’un intense pathos et de tous
éléments de la tragédie shakespearienne. Continuant sa fine
description d’un univers païen sur son déclin aux rivages battus
par les vagues d’un christianisme conquérant, Jean-Louis Fetjaine
persiste à nous entraîner au cœur de ces profondes forêts aux
feuillages encore bruissant sous le passage de créatures que
l’imaginaire christique a décidé de rayer de la carte des hommes.
Merlin le demi-elfe, bien entendu, et l’ambivalence de son
appartenance au monde du merveilleux sans cesse contrebalancée par
des relents de sentiments refoulés qui l’ancre dans le carcan de
perpétuelle indécision de la condition humaine, laisse errer sa
silhouette contrastée au fil des pages de ce roman. Un enchanteur
qui s’efforce de valoriser la place de Rhiannon (la Morgane de nos
récits), fille d’Uther Pendragon et de Llane, la reine des elfes,
et demi-sœur d’Arthur, auprès duquel il aurait aimé qu’elle
demeure pour palier aux éventuelles défaillance d’un roi engagé
par des proches conseillers dans la dangereuse voie de la quête du
Graal ici matérialisé sous la forme du chaudron de la connaissance
propriété des elfes. Une entreprise guère du goût de Merlin
oeuvrant, pour sa part à raviver l’ordre ancien en restituant les
talismans dérobés aux peuples vaincus. Mais le mage de Camelot
a-t-il encore l’oreille de son souverain ? Rien n’est moins sur,
surtout que depuis quelques temps gravite dans son entourage sa toute
jeune épouse, la belle Guinevere, reine de Logres, mais surtout,
comme va le, découvrir l’enchanteur, un démon des Terres Noires,
dont le véritable nom, Gwenwyfar, signifie Blanc Fantôme. Une Dame
Blanche annonciatrice de grands désastres…Tandis que les manigance
de Morgause, l’autre demi-sœur d’Arthur exilée aux confins du
royaume et de Meleagant, le démoniaque prince de Gorre bien connu
par les monstres de Terres Noires, tissent leurs réseaux
d’intrigues, de complots et de trahisons, la survie du Royaume et
de son roi va désormais reposer sur le fantastique combat que le
mage d’Arthur entamera contre la diabolique Dame Blanche. Servi par
une prose sans effets de manche, mais empreinte d’un indéniable
talent de conteur, le récit développe tout au fil des chapitres
l’entrelacs de ses personnages issus de la riche matière
arthurienne revisitée ici sous un angle novateur qui parvient à
ponctuer d’un point d’orgue magistral ces envoûtantes «
Chroniques des elfes ».