
Robert Ervin Howard est né à Peaster, au Texas, en janvier 1906. La légende veut qu’il fut un enfant chétif et battu avant de devenir, à force de travail, un colosse de deux mètres et un cavalier émérite. Très tôt passionné par la lecture, et en particulier par les Pulps, qu’il découvre en 1921, il publia sa première histoire professionnelle dans la revue Weird Tales à 19 ans. Considéré comme l'un des pères de la Fantasy moderne avec la création du personnage de Conan le barbare, il est également à l’origine d’un panthéon de héros charismatiques parmi lesquels on dénombre : Agnès de Chastillon, une femme française de la fin du Moyen Age, le picte Brank Mak Morn, le pirate gaël Cormac Mac Art, l’américain El-Borak qui écuma le Moyen-Orient de la première moitié du XX° siècle, Kull, le roi Atlante de Valusie, Sonya la Rouge, qui est devenue la célèbre Red Sonja sous la plume du scénariste de BD Roy Thomas, Turlogh Dubh O’Brien, guerrier irlandais du Hait Moyen Age, ou Solomon Kane, le puritain anglais de la fin du XVI siècle. En 1936, alors que s amère était plongée dans un coma irréversible, il succomba à ses envies de suicide auxquelles il songeait depuis de nombreuses années.
◊ Solomon Kane l’intégrale (Recueil) Dark Fantasy
Bragelonne-Fantasy, 8/2008 — 432 p., 22 € — Ser. : Solomon Kane— The savage tales of Solomon Kane, Ballantine Books, 1998 — Tr. : Patrice Louinet — Couv. & ill. : Gari Gianni
Précédente publication :
● in « Solomon Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°26, 3/1981, couverture de Nicollet, traduction de François Truchaud
● in « Le retour de Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°38, 3/1982, couverture de Nicollet, traduction de François Truchaud
Critiques : www.actusf.com (Florent); cafardcosmique.com (Nebal & Muad’dib) ; http://nemedie.free (Simon Sanahujas-Interview de Patrice Louinet) ; www.noosfere.com (Florent M.); www.phenixweb.net (Chris de Savoie)
→ Salomon Kane est un personnage à part dans l’œuvre de Robert Howard. Bien qu’il ait créé ce héros en 1920, Howard n’écrira la première nouvelle le mettant en scène qu’en 1928, et elle paraîtra en août de cette même année dans le prestigieux magazine Weird Tales. Personnage des ténèbres au passé entouré de mystères, évoluant dans une pseudo-histoire riche en toutes sortes d’abominations et d’horreur, il surgit dans le sillage d’un crime atroce à la tombée de la nuit, il repart à l’approche de l’aube après avoir combattu et vaincu les êtres démoniaques à l’origine des tourments des pauvres mortels que nous sommes. Puritain et instrument du courroux divin, il a cependant comme seul ami un sorcier païen, et se rapproche plus du fanatique animée de folie que du dévot comme l’entend l’Eglise. Enveloppé d’un voile obscur sur ses origines, son nom renferme tout ce que nous devons savoir de lui : Solomon, en référence au roi biblique Salomon, pour l’aspect religieux et philosophe, et Kane, par rapport au premier tueur de l’humanité, un Caïn condamné à une perpétuelle errance. Grâce au formidable travail de Patrice Louinet, l’un des plus éminents spécialistes internationaux de Robert Howard et de son oeuvre (également maître d’œuvre dans les intégrale Conan proposées par Bragelonne) ce livre contient l’ensemble des aventures de Kane reconstituées à partir des manuscrits originaux (et non sur les nouvelles parus dans Weird Tales, comme c’est le cas dans l’édition anglo-saxonne), dans des traductions nouvelles non censurées, et sans chronologie artificielle. Pourvu d’une pertinente introduction et d’une longue postface (Genèse de Solomon Kane) de Patrice Louinet, il contient des Sources, ainsi qu’en Appendice des inédits (versions alternatives ou de travail) qui viennent s’ajouter au 12 textes réunies dans ce recueil exceptionnel ornés par la couverture en couleurs et les illustrations intérieures de Garry Gianni (le dessinateur howardien de ces dernières années !) qui permettra aux amoureux de ce aventurier errant et vagabond de patienter en attendant la sortie du film de Michael Bassett. Dés lors, afin de mieux rendre compte de l’ouvrage, nous présenterons les nouvelles qui le composent l’une après l’autre, chacune pourvue d’un court résumé. Bon voyage donc dans les aventures de ce personnage à part de l’univers howardien, né sûrement de son admiration pour certains duellistes, froid, aux nerfs d’acier, comme il en existait au XVI° siècle, qu’il abandonna curieusement au début des années 30, alors qu’il semblait promis à un brillant avenir et que Conan et Kull se profilaient dans son ombre. Mais Howard, qui abrégea lui-même sa courte existence à la fleur de l’âge, ne reste-t-il pas lui-même une énigme ?
Solomon Kane (Solomon Kane) sous le titre Red Shadows in Weird Tales, 8/1928 — Traduction française de François Truchaud sous le titre Ombre rouges in « Solomon Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°26, 3/1981, couverture de Nicollet.
→ Dans cette première nouvelle du cycle, le Puritain poursuit de sa vengeance implacable Le Loup, chef d’une brande de brigands responsables de pillages et de meurtres, dont celui d’une jeune fille dont Kane a recueilli le dernier souffle. Il le traque à travers l’Europe, puis jusqu’en Afrique, dans le village de cannibales où il a trouvé refuge. Le Puritain y rencontre pour la première fois le sorcier N’Longa, qui apparaîtra dans d’autres aventures.
Des crânes dans les étoiles (Skull in the Stars) in Weird Tales, 1/1929 — Traduction française de François Truchaud in « Solomon Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°26, 3/1981, couverture de Nicollet.
→ Une courte nouvelle qui entraîne Kane, motivé par sa mission de combattre le mal et son désir de vérité, dans une lande de sinistre réputation hanté par une caricature d’être humain qui ne peut être blessé par aucune arme matérielle et dont il finira par apprendre le terrible secret.
La main droite du destin (The right hand of doom) dans le recueil Red Shadows, Glen Lord, 1968 — Traduction française de François Truchaud in « Solomon Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°26, 3/1981, couverture de Nicollet.
→ Une histoire de « main diabolique » dans le style de La main du diable de Gérard de Nerval, qui se rapproche d’une autre nouvelle, Bruits d’ossements, par le fait que Solomon Kane y tient surtout le rôle d’un simple spectateur.
Bruits d’ossements (Rattle of Bones) in Weird Tales, 6/1929 — Traduction française de François Truchaud in « Solomon Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°26, 3/1981, couverture de Nicollet.
→ Une histoire d’Auberge Rouge et de vengeance démoniaque exercée d’outre-tombe avec, pour compagnon de voyage du Puritain, le français Gaston l’Armon, plus malhonnête qu’il le paraît de prime abord. Un récit où Kane ne participe guère à l’action, comme dans le titre précédent, La main droite du destin.
Les collines des morts (The hills of the dead) in Weird Tales, 8/1930 — Traduction française de François Truchaud in « Le retour de Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°38, 3/1982, couverture de Nicollet.
→ La troisième nouvelle africaine du cycle de Kane. En compagnie du sorcier N’Longa, déjà rencontré dans Solomon Kane, il se rendra dans la Cité Silencieuse afin de combattre des morts-vivants vampires qui déciment une tribu africaine. C’est au cours de cette histoire qu’il recevra en présent de N’Longa, le mystérieux bâton vaudou qui deviendra l’un de ses attributs essentiels, au même titre que sa rapière, ses pistolets ou son chapeau à large bord.
La lune des crânes (The moon of skulls) in Weird Tales en 2 parties, juin-juillet 1930 — Traduction française de François Truchaud in « Solomon Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°26, 3/1981, couverture de Nicollet.
→ C’est après Ombres rouges et avant Les collines des morts, le second voyage du Puritain sur le continent africain. Dans ce récit, il vient au secours d’une jeune vierge sur le point d’être offerte en sacrifice à Nakura, le Crâne du Mal, l’un des anciens dieux d’Atlantis que vénèrent encore les habitants de Négari, une ancienne colonie atlantidéenne. Une nouvelle inhabituellement longue qui s’apparente à la thématique des mondes perdus et où Howard semble moins à l’aise, car son langage est avant tout celui de l’histoire courte.
The one black stain/La noire souillure (The one black stain) dans le recueil Red Shadows, Glen Lord, 1968
→ Un court poème, présenté en version originale et traduction, qui raconte l’exécution de Sir Thomas Doughty dans la Baie de San Julian, en 1578. L’occasion d’un face à face entre Solomon Kane et le célèbre Francis Drake. Un texte tiré du tapuscrit original fournit par Glen Lord.
La flamme bleue de la vengeance (The blue flame of vengeance) texte tiré du tapuscrit original fournit pas Bill Cavalier.
→ Une nouvelle histoire de vengeance, un peu semblable au premier récit du cycle, Solomon Kane, qui raconte en même temps une opposition de classe, jeune homme sans terre et sans titre opposé à aristocrate plus âgé et plus puissant pour la domination du cœur d’une jeune fille, et qui rappelle en filigrane que le passé de Kane renferme des zones d’ombre guère à son avantage. Un récit sans éléments étranges ou surnaturels qui demeura dans les invendus à Argosy et Adventure, inédit dans le monde entier avant cette publication.
Poème sans titre (Untitled poeme) texte tiré du tapuscrit original fournit par Glen Lord
→ Deux feuilles qui racontent une rencontre entre Sir Richard Grenville et le Puritain.
Des ailes dans la nuit (Wings in the night) in Weird Tales, 7/1932 — Traduction française de François Truchaud in « Le retour de Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°38, 3/1982, couverture de Nicollet.
→ Encore une nouvelle appartenant à la période africaine de Kane. Il s’agit de l’une des plus réussie du cycle alliant parfaitement l’aventure avec le fantastique et l’apparition des harpies empruntées à la mythologie. On y voit le Puritain prendre le parti de la tribu africaine des Bogondi, qu’ils n’arrivent pas à sauver de la cruauté du clan des Akaanas. Ce qui déclenchera une véritable folie meurtrière de la part du Puritain guère en accord avec les idéaux chrétiens que son personnage est censé véhiculer.
Des bruits de pas à l’intérieur (The footfalls within) in Weird Tales, 9/1931 — Traduction française de François Truchaud in « Le retour de Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°38, 3/1982, couverture de Nicollet.
→ Une autre nouvelle du cycle africain où Kane, capturé par des trafiquants d’esclaves, découvre avec eux un étrange mausolée qui renferme une redoutable abomination. Au cours de l’affrontement, le Puritain en apprendra plus sur le mystérieux bâton vaudou que lui a offert le sorcier N’Longa au cours d’une précédente aventure. Il s’agit là du dernier récit que Howard consacra à Solomon Kane avant de se tourner vers des héros plus musclés tels que Conan et Kull. Solomon Kane’s homecoming/Le retour de Solomon Kane (Solomon Kane’s homecoming) in Fanciful Tales 1, 1936 Traduction française de François Truchaud sous le titre Solomon Kane, la fin du voyage in « Le retour de Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°38, 3/1982, couverture de Nicollet.
→ Le troisième poème que Howard consacra à Solomon Kane. De retour dans son pays natal du Davonshire, le Puritain narre aux clients d’une taverne ses principales aventures, puis s’en va dans la nuit.
A ces récits s’ajoutent dans les appendices trois textes inachevés : Les cavaliers noirs de la mort,Le château du diable, et Fragment sans titre (John Silence), la première version de Bruits d’ossements, deux autres fragments sans titre Jeremy Hawk et Asshur, la seconde version de Les épées de la Fraternité émanation de La flamme bleue de la vengeance avec un Solomon Kane laissant la place à Malachi Grin, ainsi que la version de travail de Solomon Kane’s homecoming.
A titre d’information, nous mentionnerons les fragments complétés par J. Ramsey Campbell :
Le château du diable (The castle of the devil) dans le recueil Red Shadows, Glen Lord, 1968 — Traduction française de François Truchaud in « Solomon Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°26, 3/1981, couverture de Nicollet.
L’épervier de Baski (Hawk of Basti) dans le recueil Red Shadows, Glen Lord, 1968 — Traduction française de François Truchaud in « Solomon Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°26, 3/1981, couverture de Nicollet.
Les enfants d’Asshur (The children of Asshur) dans le recueil Red Shadows, Glen Lord, 1968 — Traduction française de François Truchaud in « Le retour de Kane » NEO/Fantastique-Science-Fiction-Aventures n°38, 3/1982, couverture de Nicollet.
Et pour les puristes on ajoutera encore l’ouvrage de Gianluigi Zuddas La malédiction de Solomon Kane, qui comprend les nouvelles L’île du serpent à plumes et La couronne d’Asa, traduit de l’italien par Jean-Pierre Moumon aux éditions Antares, collection Les Mémoires des Ténèbres, en octobre 1982, dans un tirage à 500 exemplaires.
Enfin, en ce qui concerne la France, on citera dans le domaine de la BD (Solomon Kane ayant fait l’objet d’une adaptation en comics aux USA) deux adaptations :
Des crânes dans les étoiles (Texte de Roy Thomas/Dessins de Ralph Reese/Traduction de François Truchaud) in L’Echo des Savanes Spécial USA n°8, 3ème trimestre 1978
Les collines de la mort (Texte de Roy Thomas/Dessins d’Alan Weiss et Neal Adams) in L’Echo des Savanes Sépcial USA n°9, 4ème trimestre 1978.
Toutes ces informations ainsi que les résumés de l’ensemble des nouvelles du cycle de Solomon Kane proviennent d’un dossier que j’ai publié dans les numéros 57,58 & 60 du fanzine Vopaliec SF, en 1983-1984.
Rappel des différents titres du cycle :
Bruits d’ossements
Les cavaliers noirs de la mort (inachevé)
Le château du diable (achevée par J. Ramsey Campbell)
Les collines des morts
Des ailes dans la nuit
Des bruits de pas à l’intérieur
Des crânes dans les étoiles
Les enfants d’Asshur (achevée par J. Ramsey Campbell)
Les épées de la Fraternité
L’épervier de Baski (achevée par J. Ramsey Campbell)
La flamme bleue de la vengeance
La lune des crânes
La main droite du destin
La noire souillure (poème)
Poème sans titre (poème)
Le retour de Solomon Kane (poème)
Solomon Kane
*La couronne d’Asa, de Gianluigi Zuddas (pastiche)
*L’île du serpent à plumes, de Gianluigi Zudas (pastiche)
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