samedi 20 mars 2010

PLACE François (Fr)
Né en 1957 à Ezanville, dans le Val d’Oise, François Place, après avoir travaillé en tant que dessinateur dans des domaine variés, presse d’entreprise, audiovisuel, publicité, entre de plein pied dans la carrière d’illustrateur avec la publication de « Les derniers géants » puis de la trilogie de « L’Atlas des géographes d’Orbae » qui lui vaudra une reconnaissance appuyée de tous les amateurs de littérature d’imaginaire. Reconnaisance plébiscité depuis à travers son travail pour des auteurs marquants du genre et aussi par son passage réussi à l’écriture avec son remarquable « La douane de mer »
◊ La douane volante (Roman) Univers parallèles
Gallimard Jeunesse-Hors Collection — 336 p., 13,50 € — Couv. : François Place
→ Lorsque l’on parle de François Place aux amateurs de littérature de l’imaginaire, ceux-ci ne manquent pas de mentionner sa trilogie de L’Atlas des géographes d’Orbae paru aux éditions Casterman. Comment ne pas également parler de ses collaborations, en matière d’illustrateur, avec Eric L’Homme (Contes d’un royaume perdu), Timothée de Fombelle (Tobie Lolness) ou Michael Morpurgo (Le roi de la forêt des brumes, Le royaume de Kensuké). On le comprend, notre auteur est doué pour tout ce qui touche des territoires bousculant les limites du réel. Avec ce roman c’est son talent d’écrivain qui occupe le devant de la scène. Nous voilà donc propulsé dans une France de 1914, alors que les poilus partent encore la fleur au fusil pour arrête l’envahisseur Teuton. Gwen le Tousseux, pour sa part, suit une toute autre destination. Ce jeune orphelin à la santé fragile et au don de rebouteux mène une vie misérable ponctuée par ses incessantes quintes de toux héritées de ses poumons malades. Or, voilà qu’en montant dans la charrette de l’Ankou, personne du légendaire breton qui vient chercher les âmes en partance, il se trouve transporté dans un autre monde dominé par la terrible douane volante. Ce monde, qui ressemble à une sorte de Pays Bas fantasmé, ce sont les Douze Provinces, un lieu hors du temps où la Bretagne n’existe pas et où aucune rumeur de guerre n’obscurcit le plat horizon. Par contre la Douane volante est bien présente. Il s’agit en fait d’une sorte de police politique dont les membres sont chargés de récolter les impôts et de rattraper les Egarés. Parmi eux, Jorn, un être qui sous abord affable dissimule une sombre ambition, le prend son aile. Tout en lui expliquant les codes de ce monde inconnu il compte bien profiter des talents de guérisseur de Gwen. Ce dernier, plongé dans toutes sortes d’aventures fantastiques, ira ainsi de découvertes en découvertes, côtoyant aussi ben les pauvres que les puissants, et découvrant également l’amour, tout en confrontant ses dons de rebouteux aux tenants d’une médecine plus traditionnelle avec, pour paroxysme, une terrible épidémie de Peste. Un parcours qui se prolongera durant quatre années, celles de la durée de Première Guerre Mondiale dans le monde qu’il a quitté, et au bout desquelles Gwen pensera à repartir. Mais retrouver le chemin de sa Bretagne natale ne sera pas des plus faciles. Un roman envoûtant où l’écriture de François Place se déploie avec la même soif d’inventivité et de goût pour le merveilleux qu’à travers ses dessins. On y découvre des personnages pathétiques bousculés par une histoire qui les emporte à travers un pays balayé par le vent que n’auraient pas renié les chansons de Jacques Brel. Des êtres allant de rebondissements en rebondissement, tout en se liant à une faune fascinante tel Daer, le terrifiant kraken logé dans les éboulis de vague, un drôle d’oiseau capable de parler latin, et une tortue qui, telle celle de Terry Pratchett et des ses Annales du Disque-Monde, soutient le poids du monde et qui surtout, ouvre les portes du temps. Un livre dense et original où l’on retrouve l’ambiance des peintres hollandais du XVIII° siècle, François Place avouant lui-même s’être inspiré pour son récit des tableaux de Jean Van Goyen où des personnages vivant au ras d’un horizon bercé d’une lumière froide et mélancolique se penchent sur l’eau calme des canaux sillonnant un paysage coiffé par un grand ciel indifférent au bonheur et au malheur des hommes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire