(Roman)
EDITEUR : Ian McDONALD (Gb)
EDITEUR :
Gallimard-Folio SF 432, 9/2012 —
585 p., 9,10 €
TO :
King
of morning, Queen of Day,Bantam,
2/1991
TRAD
:
Jean-Pierre Pugi
COUVERTURE
:
Aurélien Police
Précédente
publication :
Denoël-Lunes d'Encre, 1/2009 — 504 p., 25 € — Couv. :
Michel Koch
Critiques :
www.actusf.com (Arkady Night) ;
Bifrost 54 (David Legendre) ; www.cafardcosmique.com
(Ubik) ; www.noosfere.com
(Bruno Para & Alexandre Ferrando) ; www.scifi.universe.com
(Manu B) ; www.yozone.fr
(Antoine Chalet)
→ Peu
connu en France, si ce n’est par ses deux romans Désolation road
et Nécroville (Robert Laffont et J'Ai Lu) et son recueil Etat de
rêve (Robert Laffont), Ian Mc Donal est cependant une valeur sûre
de la littérature de SF anglo-saxonne. Le livre que rééditent
aujourd’hui les éditions Folio SF permettra aux lecteurs français
de mieux connaître cet écrivain qui mérite amplement le détour.
L’ouvrage se décompose en trois novella, et un court intermède,
centrés sur le destin de jeunes femmes irlandaises observées à
différentes époques ; Dans cette sorte de Voyage de Simon
Morley la Jack Finney (Denoël Lunes d’Encre) Ian Mc Donald
s’efforce d’immerger totalement ses lecteurs au sein des époques
où se déroule l’histoire en nous peignant des personnages aux
mœurs criant de vérité. Le premier texte, Craigdarragh,
s’exprime sous la forme d’un roman épistolaire fort utilisé
dans le genre fantastique, en particulier dans le Dracula de
Bram Stoker. On y suit les émois juvéniles d’Emily Desmond qui se
complait dans la croyance à une vie fantasmée l’entraînant à
batifoler dans les bois proches de sa demeure victorienne avec des
créatures issues d’un monde de Féerie qu’elle a baptisé
l’Outremonde et dont elle finira par découvrir la surprenant et
véritable origine issue de ses propres frustrations sexuelles. Une
originalité qui, somme toute, se comprend lorsque l’on apprend à
connaître son père, le Dr Edward Garrett Desmond, éminent
astronome qui a fini par se persuader que la comète qu’il observe
est en fait un vaisseau extraterrestre en provenance d’Altaïr. Mis
au banc de la communauté scientifique, il n’hésitera pas à
dilapider la fortune familiale afin de construire un appareil destiné
à permettre le contact avec ces êtres venus des étoiles. Un récit
qui est en fait le prolongement de la novella Roi du matin, reine
du jour, éditée dans le recueil Etat de rêve. La
seconde partie du livre, Le front des mythes, introduit la
figure de Jessica Caldwell, jeune dublinoise des années trente,
fille cachée du précédent docteur Desmond. Bien loin du langage
quelque peu suranné utilisé par Emily, qui approchait parfois les
envolés lyriques du poète Yeats, Jessica s’exprime à travers un
discours plein de gouaille et d’humour où transparaissent ses
pulsions sexuelles récemment découvertes. Une frénésie qui
l’entraîne sur les traces des origines de sa mère naturelle dont
elle a hérité les fascinants pouvoirs de création au cœur de cee
fabuleux Craigdarrah, émanation de l’Irlande profonde, le tout
accompagnée de son psychanalyste, de son père adoptif et de deux
clochards, Gonzague et Tirésias, qui semblent tout droit sortie du
En attendant Godo de Samuel Beckett. Enfin la troisième et
dernière partie du livre, Shekinah, s’attache au pas de
Enye MacColl, jeune femme solitaire publiciste dans le Dublin de la
fin des années 80, l’époque où l’auteur à écrit ce livre.
Véritable volet de fantasy urbaine, le récit nous propose de suivre
le combat que cette dernière va mener à coups de katana contre des
ectoplasmes monstrueux hérités de ses lointains ancêtres qui
viennent continuellement hanter ses nuits. On le voit, chaque partie
du roman possède son propre style, mais, miracle du talent, mises
bout à bout, elles finissent par constituer une fantastique peinture
d’une Irlande intemporelle et mythique où la réalité se
confronte perpétuellement au légendaire. On retrouve dans ses pages
des accents à la China Mièville de Perdido Street Station,
parenté symbolisé par la ville de Dublin en tant que lieu du récit
devenant le héros de l’action. Des similitudes avec La forêt
des Mytagos de Robert Holdstock se retrouvent pareillement à
travers un surnaturel faisant irruption au sein d’un cadre réaliste
datable, construisant ainsi un fantastique légitimé d’où
émergent les figures des Archétypes générés par l’inconscient
humain, le tout s’en éloignant cependant par un ancrage du récit
moins primitif et plus ancré dans son époque que la prose
Holdstochienne. Une ressemblance que l’on pourrait également
retrouver dans Le parlement des fées de John Crowley où
perdure cette omniprésence des forces mythiques si chères aux
traditions et au folklore irlandais. Mais ce roman est avant tout une
œuvre très personnelle d’un écrivain qui précise avoir voulu,
avec ce livre, se réapproprier les mythes de son pays souvent
accaparés par les écrivains du monde entier, et des Etats-Unis en
particulier. Un roman qui sort en tous cas des sentiers battus de la
Fantasy et qui, après avoir reçu le Prix de l’Imaginaire 2010 aux
Utopiales de Nantes, semble avoir fait l’unanimité chez les
critiques francophones comme l’on peut s’en rendre compte en
parcourant les lignes qui lui sont dévolues sur des sites tels que
actuSF, Le Cafard Cosmique, Noosfere, Yozone et autres SFuniverse.
Autre parution :
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