(Roman) Fantasy Historique
AUTEUR : Estelle FAYE (France)
EDITEUR :
GALLIMARD-Folio SF 567, 1/2017 — 240 p., 8.20 €
SERIE : La voix des oracles
2
COUVERTURE : Pierre Droal
Précédente publication : Scrinéo,
5/2015 — 352 p., 16.90 € — Couverture de Aurélien Police
→ Dans le premier tome
de cette trilogie nous avions fait la connaissance de Thya, fille d’un brillant
général romain Gnaeus Sertor, mais aussi dotée d’un pouvoir d’Oracle héritait
d’un passé révolu qui attirait la convoitise aussi bien des hommes que des
Dieux. Fruit d’un véritable et minutieux travail historique l’histoire nous
propulsait dans une Gaule plongée sous l’ombre d’un empire romain en déclin
dans laquelle les anciens dieux s’évanouissaient peu à peu face à la lente mais
inexorable progression du christianisme. Ainsi la fuite de Thya et de son
compagnon Enoch, le Maquilleur, lui aussi promis à un destin hors du commun,
nous entraînait dans une exploration à la fois géographique, ethnologique,
sociologique et mythologique. Estelle Faye cependant possède assez de talent pour
inclure dans l’intrigue ces multitudes de détails accentuant son réalisme sans
inutilement l’embouteiller, gardant ainsi intacte l’attention du lecteur
propulsé de rebondissements en rebondissements au rythme d’une action qui ne
perd jamais son indispensable sens du suspense. Dans ce second tome, nous
allons découvrir un Aedon, le frère mal intentionné de Thya, dont l’ambition
dévorante va le faire tomber dans les filets d’Hécate, la dangereuse Reine des
cauchemars. Celle-ci, en effet, a décidé de se rebeller contre la fin
programmée des anciennes divinités, et entends bien briser l’élan d’une
chrétienté que rien ne semble pouvoir arrêter. Pour cela, elle compte sur
Aedon, tout juste débarrassé de la tutelle de son père qu’il avait essayé
d’assassiner, et dont la dévorante ambition le pousse à rêver d’un Empire
romain sorti de la déchéance qui le gangrène et revenu à sa gloire conquérante
d’antan. Un Empire que, bien entendu, il dirigerait. De son côté Thya,
accompagnée de son oncle Gnaeus Aylus, le Diseur des Monts, chef de la révolte
des barbares contre l’autorité romaine, et d’un Enoch qui a pris peu à
conscience de son pouvoir d’éveiller la brume, sans toutefois le contrôler, et
qui transporte le fidèle Sylvain nommé Minuscule dans sa besace, pense un moment trouver refuge chez la tribu
germanique des Nodes, qui ont longtemps souffert de la domination de l’Empire
Romain. Cependant, ces derniers ne les accueillent pas comme prévu, et ils
échappent de peu à la mort. Désormais guidée par ses visions faisant référence
aux mystérieux Dieux Voilés, divinités plus vieilles que la civilisation
Etrusque remontant au temps de
l’Atlantide et dotées d’incommensurables pouvoirs, Thya s’embarque vers
Constantinople pour y retrouver un autre de ses oncles qui succombera bientôt
sous les coups des séides d’Aedon. C’est
vers l’empire Sassanide que s’oriente bientôt son destin lancé éperdument dans une
quête dont elle ne saisit pas elle-même toutes les implications avec pour
objectif les immenses étendues du désert du Vide. Contreforts du Caucace, Route
de la Soie, guerriers Parthes en lutte contre les Sarrazins, sa route sera semée
d’embûches et l’obligera à se séparer du troublant Enoch à qui elle n’ose pas
véritablement déclarer son amour. En parallèle à sa fuite et à la traque
conduite par le tandem Aedon/Hécate, nous suivons également le parcours de
personnages secondaires qui prennent une tout autre épaisseur, comme le Faune
du début du premier tome, une ondine, le petit dieu Culsans et l’illustre
Apollon sorti de sa retraite pour se mêler à ce faisceau de machinations où
s’entremêlent les destins des dieux et des hommes. Cette alternance de points
de vue, loin de nuire au récit, lui donne encore plus de consistance et nous
guide lignes après lignes vers un final en apothéose qui, s’appuyant sur la
thématique des trames temporelles, ouvrira de nouvelles perspectives à
l’univers jusque-là voué à l’extinction des Oracles et des Dieux Anciens. Assurément
une belle réussite de la fantasy historique francophone qui trouvera son
aboutissement dans Ayla, dernier tome
de la série que les éditions Folio vont également mettre à leur catalogue.
Autre couverture :
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