dimanche 10 septembre 2017

Les fiancés de l’hiver
(Roman) Jeunesse / Monde parallèle
AUTEUR : Christelle DABOS (France)
EDITEUR : GALLIMARD FOLIO 6132, 4/2016 — 593 p., 8,50 €
SERIE : La Passe-Miroir 1
COUVERTURE : Laurent Gaillard
Précédente publication : Gallimard jeunesse-Hors Collection, 5/2013 — 528 p., 18 € — Couverture de Laurent Gaillard
Les autres titres de la série : 2.Les disparus du Clairdelune – 3.La mémoire de Babel
Les concours d’écriture, les blasés, vous diront : cela ne sert à rien, sinon qu’à allumer l’espoir dans des yeux forcément déçus à la fin et à imposer de fastidieuses lectures à des membres de jury lassés de voir se répéter des histoires et des intrigues lues ailleurs et en beaucoup mieux. Mais… il y a parfois de bonnes surprises et ce roman en est une. Lauréat d’un concours Gallimard jeunesse il vient inscrire dans le paysage des publications destinées à l’imaginaire son indéfinissable grain d’originalité. D’abord par l’univers qu’il dépeint, les Arches, ces bouts de terres disséminés en plein ciel où vivent les Esprits de Famille et leurs descendants rescapés d’un lointain cataclysme qui a fragmenté de manière chaotique leur monde originel. Pratiquant complots, intrigues, menées d’alcôves et autres mondanités plus ou moins respectables ces familles, chacune dépositaire d’un pouvoir différent, ne pense qu’a affermir leur position face à leur Esprit de Famille respectif. Dans cet univers ouvert à bien des compromissions (preuve que dans le futur tout ne change pas véritablement) les mariages arrangées sont monnaie courante. Ophélie, jeune héroïne à l’écharpe magique, qui entre sur la pointe des pieds dans notre imaginaire de lecteur, est parvenu à se soustraire à pas mal d’entre eux, jusqu’à ce que l’inévitable se produise : elle est promise à Thorn du clan des Dragons, jeune héritier d’une puissante famille du Nord. Là voilà donc forcée de quitter la douceur d’Anima, son Arche de naissance, pour  partir avec sa tante comme chaperonne vers la lointaine Citacielle , capitale flottante du Pôle, enveloppée d’un froid mordant et d’un parfum de mystère qui ne fait que s’épaissir à son arrivée. Car, outre le peu d’intérêt que lui manifeste son fiancé, bougon et taciturne, il lui est fortement conseillé de ne pas révéler les réels motifs de sa présence en ce lieu. Heureusement sous aspect de jeune fille banale et ses lunettes de myope, Ophélie cache un talent particulier pour lire le passé des objets et surtout, pour traverse les miroirs.  Imbibée dans une ambiance, à la fois steampunk, fantastique et fantasy, l’intrigue développe ses ramifications à la cadence d’un doux paresseux, nous permettant aux détours de chaque page d’en apprendre chaque fois un peu plus sur un univers qui prend un malin plaisir à se soustraire à nos regard globalisants. Portées par une héroïne malgré elle plus proche de Cendrillon que de la Belle au Bois  Dormant et d’un héros rendu craquant par son caractère à la fois inaccessible et imprévisible le récit déroule son implacable dynamique au fil de scènes gorgées d’émotions qui contribuent à la peinture d’une univers à la fois riche et complexe dans lequel le lecteur se laissera voluptueusement glisser en attendant une nouvelle plongée dans les prochains tomes de cette série marquée par le sceau de l’originalité.
Autre couverture : 

♦ Un monde meilleur ♦

(Roman) Thriller / SF
AUTEUR : Marcus SAKEY (Usa)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio Policier 821, 2/2017 — 495 p., 8.20 €
SERIE : Les Brillants 2
TO : A better world, 2014
TRADUCTION : Sébastien Raizer
COUVERTURE : Benjamin Harte (photo)
Précédente publication : Gallimard-Série Noir, 2/2016 — 432 p., 20 €
Autres titres de la série : 1.Les Brillants – 3.En lettres de feu
→ Depuis 1980, 1% de la population naît avec des dons particuliers et des capacités stupéfiantes : on les appelle les Brillants. Nick Cooper, une sorte d’agent secret traque John Smith, le leader charismatique du groupe de terroristes que sont devenus les Brillants, qui sont parvenus à paralyser trois grandes villes américaines quasi réduites à la famine. Mais, grâce à sa rencontre avec John Smith, Copper a découvert que son agence est corrompue et que celui qui la dirige, Drew Peters, est le véritable instigateur des troubles qui ensanglantent le pays dans le but de provoquer un chaos généralisé qui donnera les pleins pouvoirs au gouvernement. Depuis lors, Shannon, sa maîtresse, une Brillante qui l’a aidé à sauver son ex-femme et ses enfants kidnappés par les sbires de Peters, est devenue une combattante recherchée. Intronisé conseiller du président des Etats-Unis, Cooper est en vérité un ancien Brillant qui a passé toute sa carrière à les traquer. Car, pour les gens normaux les Brillants sont synonymes de dangereuse menace. Lorsqu’ils les détectent, ils emmènent les enfants dans des écoles spécialées où ils sont pratiquement décérébrés. Dans ce monde où les faux-semblants occupent le devant du pavé, apparaît la figure d’Ethan Parc, un scientifique qui a participé à la découverte d’un produit capable de transformer les gens normaux en Brillants. Cette découverte est évidemment convoitée. Ethan, sa femme et sa fille, traqués, sont obligés de s’enfuir sur les routes car les vivres font défaut en ville. Pendant ce temps, Cooper est victime d’une tentative d’assassinat. L’assassin est un Brillant qui l’attaque lors d’un repas au restaurant avec son ex-femme et ses enfants, Kate et Todd. Todd est blessé en tentant d’aider son père qui finit par être tué. Mais, transporté dans une clinique spéciale, ils se remettent très rapidement. Dés lors la suite du roman nous entraîne dans une course-poursuite haletante digne des meilleurs thrillers qui nous propose de s’immiscer dans les méandres du pouvoir d’une société américaine gangrenée de l’intérieur devenue une proie facile pour les pires idéologies brandissant comme vecteur d’agitation la thématique du bouc-émissaire dont les Brillants représentent la plus adéquate représentation. Le second volet d’une trilogie écrite par un passionné de science politique et de communication qui sait admirablement jouer des ressorts de l’écriture pour rentabiliser son intrigue afin d’en extirper la substantifique moelle et pour finir accoucher d’un roman palpitant à mi-chemin entre la corrosive critique sociale et le récit de SF qui se prêterait remarquablement à une adaptation cinématographique sous la forme d’une série dont les TV US ont depuis longtemps maîtrisé les secrets de fabrication.
Autre couverture :