♦ Le fou prend le roi ♦
(Roman) Fantasy
Historique
AUTEUR : Fabien CERUTTI (France)
EDITEUR :
GALLIMARD-Folio 581, 8/2017 — 591 p., 8.20 €
SERIE : Le bâtard de
Costigan 2
COUVERTURE : Alain Brion
Précédente publication :
Mnémos Icares, 3/2015 — 422 p., 22 € — Couverture de Emile Denis & Laurence
Wilmot
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C’est avec un réel plaisir que j’ai retrouvé le personnage flamboyant du Bâtard
de Kosigan à travers cette réédition poche des éditions Folio. Comme un Dexter
au mieux de sa forme, ce dernier cultive le talent de se tirer au mieux des
situations les plus compliquées où sa vie ne tient plus qu’à un fil, si tenu
soit-il. Le début de ce deuxième opus ne déroge pas à l’ambiance générale du
livre, focalisant l’œil caméra du récitant (le bâtard himself) sur une course
poursuite endiablée le long de toits glissants de la paisible bourgade de
Croisilles avec les archers anglais aux trousses et une délicieuse Adelys de
Quiéret, fille du puissant connétable de France, l’un des proches conseillers
du roi de France Philippe VI, à ses côtés. Protégé par des membres des Loups,
son équipe de fidèles mercenaires, échappant à des striantes assoiffée de sang
(créature ailée crachant des jets d’acides), notre héros parvient à s’enfuir
tout en nous permettant, grâce à l’érudition de Fabien Cerutti, de comprendre
les différences entre les arc anglais et les arbalètes françaises. Cette
poursuite endiablée entre cependant dans le cadre de la nouvelle mission du
Bâtard chargé par le roi d’Angleterre Edward III et son connétable d’enquêter
chez les mangeurs de grenouilles sur un complot visant à attenter à la vie du
roi de France dont sa Majesté britannique serait rendue prétendument
responsable. Arrivé à la cité royale de Lens, dans le Comté de Flandre où se
trouve le roi de France et son armée, Kosigan a cependant du mal à convaincre
un monarque dont le fils, le Dauphin Jean, vient d’être assassiné, tandis que
la flotte française a été détruite par son homologue britannique. Une défaite
dont est rendu responsable le baron Lambert, seigneur de la ville de Lens, que
le roi charge Kosigan d’interroger avec son efficacité légendaire. Dans ses prémices
à la guerre de Cents Ans volontairement uchroniques qui servent de décor à l’intrigue,
Kosigan évolue comme un poisson dans l’eau, alternant ruse, férocité, mais
aussi souffrances et indécisions quand il passe entre les mains des terribles
inquisiteurs de l’Eglise et qu’il croise la trajectoire du redoutable Nirdrym,
un puissant du-wi-de apparenté à Merlin, qui semble tisser les moindres fils du
canevas de cette histoire et qui en sait beaucoup sur le sang-noir coulant dans
les veines de notre mercenaire préféré. Voilà de quoi relier cette trame
temporelle moyenâgeuse avec les années 1899, plus proche de nous, où nous
suivons toujours à travers un échange épistolaire l’enquête menée par Kergaël
de Kosigan, lointain descendant du bâtard, sur l’existence de certaines races
et de pouvoirs légendaires au Moyen Age, investigations qui débouchent sur des
fouilles archéologiques et une tentative d’assassinat suivie d’un coma
prolongé. Bondissant de chapitres en chapitres, le récit nous tient constamment
en haleine, dévoilant son lot de surprises, telle qu’une Adelys de Quiéret bien
plus téméraire qu’elle ne paraît, et soulevant peu à peu des pans du sombre
mystère qui entoure les origines d’un héros de plus en plus impliqué dans les soubresauts
d’un monde qui, outre l’affrontement entre la France et l’Angleterre, les deux
puissances dominantes de l’époque, a vu passer la déferlante des Grandes
Taillades, lancées par Charlemagne pour assainir les terres sauvages, tandis
que le souffle des Croisades Noires conduites par Gui de Flandre finissait d’occire
les derniers dragons d’Occident, le tout sanctifié par l’onction d’une Eglise
bien décidée à éradiquer les moindres traces de la culture païenne d’antan.
Mais celle-ci n’a pas dit son dernier mot et nous promet encore pas mal de
pages où les dictats de l’Histoire connue devront se plier aux arcanes de la
magie faisant revivre pour le plus grand bonheur du lecteur tout un lot de
personnages surnaturels tels que fées, mages, changeformes, guivres, manticores
et autres wivernes. Style dynamique, anti-héros luttant pour sa survie,
alternance des points de vues, petit glossaire nominatif en fin de volume
mettant l’accent sur l’érudition de l’auteur, tout concours donc à faire de ce
livre une nouvelle réussite issue de l’imagination créatrice d’un nouveau
talent de la Fantasy historique qui compte déjà dans ses rangs des plumes
réputées comme le prolifique Jean-Philippe Jaworski et sa fascinante série des Récits du vieux royaume et la Marry Gentle du Livre de Cendres, également repris au catalogue Folio.
Autre couverture :

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