(Roman) SF
AUTEUR : George R. R. MARTIN (Usa)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio SF 483 — 592 p.
EDITEUR : The Armageddon rag, 1983
TRADUCTION : Jean-Pierre Pugi
EDITEUR : Sam Van Olffen
Précédentes publications :
● La Découverte-Fictions 1, 8/1985 — 420 p., 98 Frs — Tr. : Jean Bonnefoy — Couv. : Eric Provoost
● Pocket-Terrreur 9233, 3/2000 — 510 p., 7,50 € — Tr. : Jean Bonnefoy — Couv. : Pierre-Olivier Templier
● Denoël, 3/2012 — 528 p., 22,50 € — Tr. : Jean-Pierre Pugi — Couv. : Clément Chassagnard
→
Mon
anniversaire est passé depuis le février, mais les éditions
Gallimard ne l’ont pas oublié en publiant dans leur collection
Folio toute une volée d’ouvrages mélangeant Rock &SF et parmi
eux, le fascinant Armageddon
Rag
de George R. R. Martin. En ouvrant ce livre, j’ai senti de vieux
souvenirs affluer en moi, ceux de ma première lecture, lorsqu’il
était paru dans la collection Fictions des éditions La Découverte,
en 1985. Eh oui, cela ne nous rajeunit pas. Et pourtant j’ai
ensuite dévoré ses pages comme je l’avais fait quelque presque
trente ans auparavant. Car ce livre n’a pas pris une ride. Sur fond
de post guerre du Viêt-Nam il expose au fil des chapitres des
problématiques qui nous concernent tous aujourd’hui et qui se
résume dans une phrase prononcé par Sandy Blair, le fil conducteur
de l’histoire, alors qu’il vient de retrouver son amie Maggy sur
fond de coït post-soixantehuitard : « On voulait
transformer ce putain de monde, non ? Et c’est ce putain de
monde qui nous a transformés. ». Mais, vous voulez peut-être
en savoir plus sur l’histoire… Alors, commençons par le début :
James Lynch est mort et quelqu’un lui a véritablement arraché le
cœur. Une nouvelle assez troublante pour pousser Sandy Blair, un
écrivain à l’aise mais quelque peu en mal d’inspiration, aussi
bien dans son activité littéraire que dans sa vie amoureuse, à
reprendre du service pour Jared Patterson, le directeur du Hog,
un quotidien dont Sandy fut autrefois l’une des vedettes et dont
Jared l’avait viré par souci de rentabilité. Son travail :
enquêter sur la mort de Lynch, imprésario plutôt décrié des plus
grands groupes de rock des années soixante et, en particulier, des
Nazgûl, groupe mythique dont le leader charismatique, Pat Hobbins,
avait été assassiné d’une balle dans la tête lors d’un
concert mémorable de décembre 1971 prélude à leur dissolution.
Sandy, qui a déjà mené l’enquête sur Charles Manson et la mort
de Sharon Tate, et qui est fasciné par la musique des Nazgûl, se
lance dans l’aventure avec la détermination de ce genre de
fouinards acharnés que l’on retrouve dans les archétypes du
genre, soit détective à la Marlow, soit journalistes
d’investigations, voire écrivains à la recherche de sources
improbables, qui ont fait le bonheur des polars et des films en noir
et blanc made in Usa. Sa piste le guide, tel un Petit Poucet suivant
des graines de hippies déjantés, vers les protagonistes du groupe
mythique à présent éclaté, qui semblent être l’objet d’un
acharnement du destin sur lequel plane l’ombre d’un certain Edan
Morse, étrange personnage fiché par le FBI et féru d’occultisme,
qui rêve de reconstituer les Nazgûl et qui pourrait bien être prêt
à tout pour y parvenir. Dés lors le roman nous entraîne dans une
sorte de road movies fantastique hanté par des visions d’apocalypse
sur lequel plane le fantôme de l’Amérique de l’après-guerre du
Viêt-Nam et des mouvements contestataires qui s’étaient opposés
aux matraques des sbires de Nixon. Le tout, bien entendu, saupoudré,
que dis-je, imbibé de références musicales inhérentes à cette
période que certains nostalgiques considèrent comme l’Age d’or
du rock où l’on retrouve entremêlés les noms de Hendrix, Dylan,
Joplin… pour ne citer qu’eux. Pour quelqu’un qui, comme moi,
demeure un spectateur assidu de la série Game
of Thrones,
après avoir dévoré tous les romans, c’est avec un réel plaisir
que je découvre en gestation l’incroyable sens narratif de George
R. R. Martin, doublé d’une efficacité sans égale pour nous faire
partager les émotions des acteurs de papier déployés à travers
ses pages n’ayant dés lors aucun mal à se catapulter sur le petit
écran pour peu qu’un réalisateur efficace soit aux manettes et
que des acteurs doués leur donnent la réplique. Aussi, pour ceux
qui auraient trop tendance à assimiler Martin à la vague de Fantasy
déferlant sur les domaines de l’imaginaire, lisez Armageddon
Rag
et vous vous apercevrez que vous tenez entre les mains l’ouvrage
d’une personnalité marquante du monde de la SF contemporaine.
Autres couvertures :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire