◊ Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère... et, retrouvé l'amour ◊
(Roman) Horreur
AUTEUR : S.G. BROWNE (Usa)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio SF495, 8/2014 – 392 p., 7.50 €
SERIE : Andy Warner 1
TO : Breathers : A zombie's lament, 2009
TRADUCTION : Laura Dejansiski
COUVERTURE : Johan Bodin
Réédition : EditionsMirobole-Horizons Pourpres, 5/2013 – 20.50 €
Critique : www.actusf.com (Jacquemine Coquio)
→ N'avez-vous
jamais rêvé de devenir zombie ? Non … ? Eh bien, c'est ce qui est
arrivé à Andy Warner, le héros du livre de S.G. Browne, qui s'est
réveillé quarante-huit heures après sa mort, avant la
décomposition et après avoir été embaumé. Depuis, il vit dans la
cave de ses parents où il finit toutes les bonnes bouteilles, tout
en étant obligé de consommer du formol en quantité suffisante afin
d'éviter la putréfaction. Rien d'étonnant dans tout ça, puisqu'on
apprend qu'aux Etats-Unis les zombies sont présent depuis la Grande
Dépression, et même durant la Guerre de Sécession, et qu'ils ont
été les premiers à débarquer sur les plages en Normandie, sans
parler de leur discrète participation aux campus hippies des années
70. Pour l'heure cependant, il ne fait pas bon se promener dans les
rues américaines lorsqu'on est un Réveillé. Sans parler des
quolibets, des insultes, des jets de fruits pourris et de toutes
sortes d'ustensiles, on peut se faire agresser par les fats boys,
des bandes d étudiants en délire qui démembrent , tabassent,
torturent et flambent tout ceux qui arborent les signes distinctifs
d'une décomposition avancée. Au mieux, on peut se retrouver en
fourrière, si on tente de leur résister où si l'on se montre un
peu trop voyant parmi la foule des Respirant. C'est un peu ce que
dénonce Andy parmi les séances de thérapie de groupe auxquelles il
participe avec un groupe de compagnons zombies, dont la belle Rita,
une suicidée affichant sans vergogne ses derniers points de sutures.
Bon, 2tant donné qu'il ne peut pas parler, puisque un croque-mort
méticuleux lui a cousu la bouche lors des préparatifs de son
enterrement, notre héros mort-vivant y participe par pancartes
interposées où il peut manifester ses différents états d'âme.
Voilà cependant que la rencontre du groupe avec un certain Ray,
habitant dans le cimetière et qui leur fait découvrir les délices
des bocaux de viande de chevreuil séché, parvient à dérider la
morosité ambiante. D'autant plus que ce régime particulier semble
leur être bénéfique puisque, au bout de quelques temps, leurs
chairs ont tendance à se reconstituer. Bientôt Andy retrouve
l'usage de ses cordes vocales et redécouvre l'extase de l'amour
charnel avec la sulfureuse Rita. A l'origine de cette renaissance le
fameux chevreuil, qui est en fait de la chair de Respirants, dont
bientôt tout le groupe d'Andy ressent une envie insatiable. C'est
d'ailleurs ce qui pousse ce dernier à trucider père et mère, à
les découper, puis à les mettre au congélateur, car la chair
humaine est encore meilleur quand elle provient de son propre sang.
On le voit, ce roman drôle et provoquant enfreint sans vergogne tous
les tabous qui, raconté par le prisme d'un narrateur zombie,
finissent par s'inscrire dans une certaine logique.
Regard décalé et novateur sur une thématique tant de fois
vendangée par les série B et des films pathétiques, truffé de
référence et de citations pleines de bon sens, ce livre est un
véritable petit bijou qui mériterait une adaptation
cinématographique digne de son écriture et nous en pouvons que
saluer l'initiative de éditions Folio de le rééditer après une
parution plus confidentielle aux éditions Mirobole en 2013. Un
nouveau roman de cet auteur américain qui a travaillé durant pas
mal de temps à Hollywood et dont Heureux
veinards
est également paru aux éditions Gallimard, mais dans la Série
Noire. A noter, pour les impatients qui ne pourront pas attendre sa
sortie en poche, que le second opus des aventures d'Andy Warner, Le
jour où les zombies ont dévoré le Père-Noël,
est paru aux éditions Mirobole en septembre 2013. On y apprend
comment l’ex-star
contestataire des morts-vivants a passé une année entière soumis à
des tests expérimentaux dans un laboratoire de recherches sur les
zombies dans l’Oregon dont il a pu heureusement s'échapper en
enfilant un costume de Santa Claus. On devine que cette suite sera
hilarante et horrible à souhait...
Précédent couverture :
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