♦ Belle ♦
(Roman)
Merveilleux
AUTEUR : Robin McKINLLEY (Usa)
EDITEUR : POCKET-SF-Fantasy 7199, 6/2015 ─ 256 p., 7.30 €
To : Beauty, 1978
TRADUCTION : Sophie Dalle
Précédentes publications :
● Pocket-Science-Fiction/Fantasy 5489, 1/2013 — 192 p.,
7.50 € — Couverture de Siudmak
● Mnémos-Dédales, 4/2011 — 240 p., 17 € — Couverture de
Alain Brion
→ Depuis le chef d'œuvre de Jean Cocteau immortalisé par la
prestation de Jean Marais au sommet de son art et de son ambiguïté, l'histoire
imaginée par Mme d'Aulnoy de la rencontre de la beauté avec l'extrême laideur
sublimée par le dépassement de l'amour n'a pas cessé d'enflammer l'imaginaire
des romantiques de tous âges, allant même jusqu'à s'épingler au catalogue des
productions Disney et des séries télévisées. S'inscrivant quelque peu en
retrait de ses productions commerciales, l'adaptation que nous offre ici la
romancière américaine Robin McKinley, déjà créditée chez nous du remarquable Casque
de feu au Livre de poche Jeunesse (1987) et de Dragonhaven chez
Mnémos, qui sort également en ce mois de juin 2015, nous propose une adaptation
bien plus proche des domaines de la Fantasy que les précédentes productions
plutôt centrées sur le domaine du merveilleux et, disons-le, pour certaines, du
soap opera version infantile. Somme toute, l'histoire débute comme dans le
conte. Belle est loin d’égaler la beauté de ses sœurs et se complait plus dans la
lecture et sa passion des chevaux que dans l'ambiance des mondanités dont
raffolent les jeunes filles de sa condition. Une condition revue à la baisse lorsqu’à
la suite des revers de fortune de son père, toute la famille déménage pour une
petite maison nichée au fond des bois. Là, le bonheur aurait put s'installer
sous la forme d'une tranquille existence campagnarde si, un jour, leur père
n'était pas revenu au foyer avec dans ses bagages l'histoire d'un château
magique et de la promesse qu'il avait du faire à la terrible Bête pour
l'occuper pour avoir la vie sauve. Dés lors, pleine d'abnégation, Belle devance
les intentions de son père et s'auto-désigne pour partir affronter le monstre.
C'est ainsi que commence son aventure. Ayant judicieusement choisi de nous
narrer l'histoire à la première personne à travers le regard de Belle, l'auteur
nous permet ainsi de mieux entrer dans l'intimité des personnages ainsi que
dans la complexité des rapports émotionnels qui les font réagir. L'ensemble est
donc rendu plus crédible, d'autant plus que la jeune héroïne est dépeinte d'une
manière bien plus réaliste, sans clichés et mièvrerie particulières.
S'attardant volontairement sur la vie érudite et parfaitement réaliste de Belle
lors de son séjour à la ferme,
l'intrigue met encore mieux en valeur son existence au château de la
Bête avec toute la magie qui l'entoure. Véritable roman initiatique centré sur
le passage de l'adolescence à l'âge grâce à la découverte par l'héroïne d'une
séduction personnelle qu'elle était loin de soupçonner, le récit suit les
traces du conte, tout en s'échappant (pas trop cependant) des contraintes
morales de l'époque où il a été écrit. Certains sont changements sont flagrants,
comme la description des deux sœurs de Belle qui, contrairement à celles de Mme
de Baumont, désagréables style celle de Cendrillon, sont deux créatures
remarquables en beaucoup de points. Après la parution en grand format chez
Mnémos, voici une relecture d’un conte qui méritait le détours.
Autres couvertures :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire