◊ La
chute de Londres ◊
(Essai) Reportage
AUTEUR : China MIEVILLE
(Royaume-Uni)
EDITEUR :
Pocket Agora 377, 10/2015 — 93 p., 7.70 €
TRADUCTION : Frabn9ois
Laurent
COUVERTURE : Marion
Tigréat
Critiques : www.yozpne.fr
(Hilaire Alrune)
→Le marketing étouffe Londres tout
aussi vigoureusement que la flore martienne de la fin du monde chez Wells.
Presque un quart des jeunes londoniens sont sans emploi. Sur la ligne grise Jubilee,
plus on s'enfonce vers l'Est, station après station, de Westminster jusqu'à
Cannin Town, à chaque arrêt l'espérance de vie locale raccourcit d'un an,
tandis que comme Smaug, les statues des dragons veillent jalousement sur l'or
de la City. Aux confins de Londres s'étendent des zones négligées et
irrésistibles envahies par les commerces de proximité où les laveries
automatiques bon marché ressemblent à des portails spatio-temporels tant leur
nombre est exponentiel. Là où vivent les pauvres, de plus en plus nombreux,
croissent les magasins suceurs de sang, ceux des prêteurs sur gages et les
« money shop » qui délivrent des prêt à court terme. On peu analyser
les différences sociales de Londres à parti des éclairages de Noël, avec une
surcharge de couleur pour les habitations les plus modestes et des sapins éclairés
en blanc très kitch pour les demeures les plus aisées. Depuis la défaite du
gouvernement Travailliste, les Conservateurs au pouvoir alliés aux démocrates
Libéraux ont instauré les toilettes de l'économie. Le prix augment pendant l'hécatombe
des services publics (bibliothèques fermés, prestations sociales réduites)
ouvriers et salariés placés sous la coupe d'un nouveau et redoutable contrat de
travail. Outre les répression musclées des émeutes et manifestation, avec un nombre
de morts alarmants inexpliqués et surtout impunis, depuis 1998 sévissent les
OCAN (Ordonnance sur le Comportement Social) de Tony Blair des lois adaptés à
une société qui, comme Chronos, dévorent ses enfants, en pénalisant un
comportement individuel légal (juron proféré à voix haute, football sur la voie
publique, musique un peu trop forte dans un bus) en un délit sur mesure
susceptible de condamnation et donnant ainsi du grain à moudre à l'étiquette de
« jeunesse sauvage » qui fait les beaux jours des médias et dés débats
politiques et dont pourtant la formulation n'est pas un diagnostic, mais un
symptôme. Partout les hauts mur sont hérissés comme les tignasses loupo-garous
en tessons de bouteilles, fragments de poteries, éclats de miroir, comme si
pour défendre la propriété la ville se défaisait de sa peau de brique pour
révéler l'animal qui sommeille en dessous, le reste des façades dégoulinant
sous les ravages du guano verts des perruches de la même teinte désormais
maîtresses du ciel londonien. Un peu partout les squats se développent
anarchiquement bien loin de la notion originale destiné à créer un espace où
d'autre types de relations étaient possibles fondées sur la confiance le
partage, la liberté. Gonflé par une population qui s'est grossie de l'addition
de générations d'immigrés dont les diverses diasporas ont littéralement nourris
la cité, Londres est en proie à un racisme en perpétuelle augmentation, l'islamophobie ayant remplacé l'antisémitisme
originel Un constat sans concession que dresse cet auteur qui a grandi avec sa sœur
Jémina dans une maison du nord-ouest de la cite londonienne, dans le quartier
de Willesden, élevé par sa mère, une ancienne hippie Marxiste convaincu, China
Mieville s’est efforcé d’écrire des romans dans chaque genre littéraire
(western, roman maritime, roman policier) mais surtout des récits basés sur l’imaginaire
qui s’articulent principalement autour de la cité-état de la Nouvelle-Crobuzon
qui lui fit en partie inspirée par le chaos urbain du Caire. Il est à noter que
des extraits de ce roman, précédé ici d’une nouvelle introduction, ont été publiés
en mars dans le New York Times Magazine. De nombreuse photos en couleur prises par l'auteur accompagnent avec bonheur les pages de ce livre.
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