(Roman) Fantastique
AUTEUR : Boualem SANSAL (Algérie)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio
6281 — 331 p., 7.70 €
COUVERTURE : Getty Images
Précédente publication :
Gallimard-La Blanche, 8/2015 — 288 p., 19.50 €
→ 2084, voici l’année où
tout avait commencé. En vérité il s’agissait de l’année de naissance d’Abi, le
délégué de Yölah sur Terre. Un Dieu qui
s’était imposé à son peuple par sa victoire sur l’Ennemi, dont personne ne se
rappelait qui il était véritablement. Depuis, l’Appareil régnait sur un monde
voué à la soumission et à la pensée unique, un monde bannissant toute initiative
personnelle et soumis à l’intraitable surveillance et à la toute aussi
implacable justice expéditive de la Juste Fraternité. Plongé dans le bonheur
imposé d’une Foi sans questionnement, le peuple n’était autorisé à circuler
dans le pays, désormais appelé Abistan en l’honneur du nom du prophète, que
lors du Jobé, le grand pèlerinage, les nécessités des déplacements
administratifs et commerciaux étant réservés aux gens disposant de sauf-conduits
qui devaient, à chaque mission, subir toutes sortes de contrôles mobilisant
toute une horde de guichetiers. Ainsi se déroulait la vie, ou du moins ce qui y
ressemblait le plus dans les soixante provinces de l’Abistan où la communion
s’achevait au sein de la Juste Fraternité, sous le regard d’Abi et la
surveillance prétendue bienveillante de l’Appareil. Cependant, réfugié dans le
Sanatorium, ce refuge où les pèlerins venait trouver chaleur et pitance pour la
route, Ati, presque vieillard de 32 à 35 ans, se posait des questions sur sa
foi et s’inquiétait surtout de virer à la Mécréance. Taraudé de questions dont
ils ne comprenaient pas vraiment le sens il sentait confusément que le croyant
fidèle qu’il était se mourait et qu’une autre naissait en lui car il venait d’apprendre que
la religion pouvait se bâtir sur le contraire de la vérité et devenir de ce
fait la gardienne acharnée du mensonge originel. Quittant donc l’asile du
sanatorium il retourna chez lui après un périple d’un an. Retrouvant les siens,
il tenta de se réinsérer dans un monde qui n’était plus vraiment le sien. Mais,
il comprit que ce qu’il rejetait ce n’était pas la religion, mais l’écrasement
de l’homme par la religion. Mettant en doute ces certitudes avec son collègue
de bureau Koa, il se rapproche des renégats vivant dans le ghetto, les anciennes
banlieues dévastées, sans l’appui de la religion et où survivait une ébauche
des antiques libertés dont l’homme jouissait avant l’avènement de Yôlah. Cependant,
leurs investigations vont les amener à mettre à jour de dangereux secrets
concernant le gkabul, le Livre Sacré, et l’abilang, la langue sacrée née avec
le Saint Livre et d’épreuves en épreuves Ati finit par apprendre qu’une
conspiration peut en cacher une autre. Un livre salué
lors de sa parution par le prix du roman de l’Académie Française, véritable
fable orwélienne sur fond de dictature islamiste imaginant un Islam au pouvoir
dans une Europe devenue le cauchemar éveillé de tous les lanceurs d’alerte en
mal de souveraineté nationale et de racines identitaires. Une analyse sans concession s’appuyant sur
le postulat que le totalitarisme islamique va l'emporter parce qu'il s'appuie
sur une divinité et une jeunesse qui n'a pas peur de la mort, alors que la
mondialisation s'appuie sur l'argent, le confort, des choses futiles et
périssables, pronée par le créateur de "Abi" (père), le "Big
Brother" islamique, délégué de "Yölah" sur terre.
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