vendredi 10 mai 2019


Plop
(Roman) Dystopie
AUTEUR : Rafael PINEDO (Argentine)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio SF 630, 3/2019 — 178 p., 6.20 €
TO : Plop, Salto de Pagina, 2007
TRADUCTION : Denis Amutio
COUVERTURE : Georges Clarenko
Précédente publication : L'Arbre Vengeur, 1/2011 — 176 p., 12 €/Couverture de Jean-Michel Perrin
→ Un univers de boue, véritable décharge à ciel ouvert, voilà ce qu'est devenu le monde d'après de Rafael Pinedo, cet auteur argentin né à Buenos Aires en 1954 et mort en 2006 dont on nous offre ici le premier roman qui a reçu le prix Casa América en 2002. Pas de pitié, de concession, ni de quelconque empathie au sein de la grappe d'humanité qui survie à la surface de cette planète en décomposition. Plop, ainsi baptisé à cause du bruit qu'il a fait en tombant dans la boue quand il est sorti du ventre de sa mère, représente le parfait symbole de cette promenade en enfer. Pris sous l'aile sans mansuétude de la vieille Goro, l'ancienne du Groupe et la gardienne de l'écriture, il grandit avec Tini et Urso, deux compagnons de décrépitude avec qui il apprend les rudiments de la loi du plus fort, règle sanguinaire qui régit le devenir de ces humains en perpétuelle fuite. Partageant son temps entre le passage aux Lieux d'Echange, les fêtes comme celle du Kariborn et les inévitables chasses où le cannibalisme est devenu monnaie courante, Plop arrive toutefois à gravir peu à peu les échelons de cette hiérarchie de circonstance où culminent les Secrétaires de Brigade et le tout puissant Commissaire Général. Dans cet univers où le sexe se borne à "l'utilisation" du partenaire d'à-côté, Plop a trouvé une aide appréciable par l'intermédiaire de la Guerrière estropiée qui a appris à son Groupe à se battre et à qui il a fourni une esclave pour satisfaire tous ses plaisirs. Une esclave dont la trajectoire sera intimement liée à la sienne comme le montrera la fin de ce roman âpre et intense déroulant chapitre après chapitre une suite de flash back qui conduisent le lecteur, sûrement éprouvé par cette lecture sans filtre, vers un dénouement final somme toute inéluctable. Etrange sensation que cette plongée dans les détritus de la condition humaine où l'on guette à chaque page, mais en vain, des signes de sentiments tels que amour, pitié, compassion, jadis attribués, mais peut-être à tors, à ce que l'on appelait la civilisation, pas loin dans la réalité et dans beaucoup d'endroits dans le monde de se laisser aller aux pires débordements dont sont capables les êtres de notre espèce.
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