(Roman) SF
AUTEUR : Chris BECKETT (Royaume Uni)
EDITEUR : POCKET SF 7212,
— 512 p., 8.50 €
SERIE : Dark Eden 1
TO : Dark Eden, 2012
TRADUCTION : Laurent
Philibert-Caillat
COUVERTURE : Si Scott
Précédentes publications : Presses
de la Cité, 3/2015 — 416 p., 22 € — Couverture
de Clément Chassagnard
Les autres titres de la série :
2.Les enfants d’Eden
Critiques : actusf.com (Sylvie Bonnet) - Bifrost 79
(Olivier Girard)
→ L’homme
s’est répandu dans l’espace, avec plus ou moins de réussite. Du côté du passif,
on notera les déboires d’un équipage mixte forcé de se poser sur une planète
inexplorée, et qui a préféré y rester plutôt que de tenter avec les autres un
hypothétique retour. Heureusement, étant donné leur sexe différent, Tommy et
Angela ont pu refaire le coup d’Adam et Eve, et bientôt leurs descendants
viendront peupler ce bout du ciel perdu au sein des immensités stellaires.
Mais, même s’il n’y a pas de serpents inventoriés, l’endroit n’a rien du
paradis biblique et porte bien son nom de Black Eden. Deux siècles plus tard nous
atteignons la cinquième génération après les géniteurs et l’auteur nous immerge
au sein de la nouvelle société créée à partir de leurs seuls gènes. Son nom :
la Famille (du côté littérature on pense à des réminiscences vampiriques, mais rien
à voir avec celles-ci). Strictement hiérarchisée, divisée en plusieurs clans
(Picarbre, Lampionrouge…) ce groupe de colons malgré eux a développé un univers en vase clos qui tend à
revenir vers le mode primitif enfermé dans le cocon d’une vallée toute
imprégnée d’une étrange faune et flore bioluminescente qui a banni la notion
même de nuit, car cette planète sans soleil ne tire ses sources de lumière et
de chaleur que des êtres vivants qui l’habitent. Sous la clarté tutélaire des
arbres-lampions et la voûte constellée de Tourbillon-Etoilé, les hommes égarés
en ces lieux suivent un lent cheminement vers la dégénérescence, frappé par la
consanguinité et une démographie galopante, oublieux de toute technologie,
victime d’un appauvrissement de la langue et revivant l’époque des chasseurs-cueilleurs
avec pour seul mythe celui d’une Terre rêvée et d’un espoir de sauvetage s’instaurant
en sorte de religion avec un but de plus en plus lointain et inaccessible au
fil du temps. Pourtant, cet univers de sous culture composé de cinq cent
membres flirtant avec tous les poncifs de l’obscurantisme recèle néanmoins de
bons côtés. En effet, chez eux, l’utopie des hippies soixante-huitards de San
Francisco bannissant tabous sexuels et violence est devenue réalité. On pourrait
donc penser que ce microcosme harmonieux a de l’espoir devant lui ou, comme
John Lampionrouge, croire dur comme fer que tout cela ne mène qu’à une lente
extinction de tout ce qui fait leur humanité. Lui se veut le grain de sable du
rouage, celui qui ne se contente pas de l’univers clos de sa vallée étroite,
celui qui veut aller de l’autre-côté franchir la limite improbable de Noirneige
et s’enfoncer dans l’univers ténébreux qui terrorise ses semblables avec ancré
au fond de lui-même la certitude d’y découvrir des terres vierges riches d’espace
à conquérir. Or, les nouvelles idées ne font pas bon ménage avec une société
qui se sclérose, pire, elles risquent de faire ressurgir des vieux démons que l’on
croyait pourtant rangés au rayon des croquemitaines. John va donc se générer des
ennemis et refaire découvrir à la Famille les tristes passions humaines qui ont
pour nom le meurtre et la guerre. Narrant son histoire à la première personne
du singulier, ce qui favorise l’empathie du lecteur, alternant les points de
vue, tout en laissant au récit de John une prédominance naturelle, Chris
Beckett, écrivain britannique né à Oxford en 1955, nous concocte un roman qui se lit aussi facilement que l’eau coulant
dans le lit d’une rivière et dont la suite, Les
enfants d’Eden, paru chez les Presses de la Cité en 2016, ne devrait pas
tarder à arriver en format de poche.
Autre couverture :
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