dimanche 22 avril 2018


Dictionnaire Frankenstein
(Essai) Science-Fiction / Fantastique
AUTEUR : Claude AZIZA (France)
EDITEUR : PRESSES DE LA CITE-Omnibus, 2/2018 — 206 p., 16 €
COUVERTURE : Hélène Crochemore
Dans l’univers de la littérature de l’imaginaire le roman de Mary Shelley s’est bâti sur deux impostures. La première, que Claude Aziza rappelle dés le début de son livre, c’est que le nom de Frankenstein a été communément utilisé pour désigner la Créature objet de toutes les terreurs, alors qu’il s’agit du nom de son créateur, le savant génial Victor Frankenstein. La seconde, plus en rapport avec la thématique générale de l’ouvrage, se rapporte à sa classification spontanée au fil des siècles dans l’univers du Fantastique, alors qu’il s’agit, non d’un de l’un des premiers romans de Science-Fiction, comme l’affirment certains, mais plutôt d’un récit inclassable, véritable chez d’œuvre qui échappe aux étiquettes en se revendiquant cependant de toutes : gothique, romantisme, récit historique, roman populaire, etc…. Passée cette nécessaire mise au point, on pourra se plonger avec délice dans le remarquable travail de Claude Aziza, cet érudit de la culture populaire qui, depuis des années n’a de cesse de nous permettre d’appréhender et d’explorer les multiples facettes de ce genre mal connu et parfois discrédité, à travers des multiples publications que ce soit aux Presses de la Cité, mais aussi chez Pocket et d’autres éditeurs. L’essentiel du travail rassemblé ici s’articule autour d’un vaste dictionnaire qui, de « l’agitation » provoquée par la publication du roman, jusqu’à « James Whale » l’un des réalisateur qui a transposé le mythe à l’écran, brosse un large tour d’horizon de ce qui, de prés ou de loin, peut s’apparenter à cette fabuleuse Créature. De la genèse de l’ouvrage à ses avatars littéraires (livres, BD) et cinématographiques (nanars inclus), en passant par les auteurs qu’il a fasciné ou, tout au moins, interpelé (Balzac, Gautier, Dumas, Mérimée), les interprètes et accompagnateurs  qui on assuré son passage à la postérité (Boris Karloff, Peter Cushing, Terence Fisher, Christopher Lee, Béla Lugosi), les thématiques qu’il englobe (Satan, le Feu, Mythe de Prométhée, Savant fou) Claude Aziza nous dit tout sur ce Monstre intemporel germé un soir d’orage de mars 1818 sur les bords du lac Léman dans la tête de Mary Shelley, future épouse du poète Shelley, grande admiratrice de l’illustre Lord Byron dans le sillage duquel gravitait Polidori, auteur de Lord Ruthven, premier personnage de vampire mâle dans une œuvre de fiction. Il revient ainsi sur les aspects romantiques du récit, décortique l’éducation qu’a reçu la Créature, précise le destin familial tragique de sa conceptrice (présence du père et de la mère, nécrologie enfantine), analyse les rapprochements avec d’autres monuments comme L’homme invisible et l’île du docteur Moreau de Wells, Dracula de Stoker ou Jekyll & Hyde de Stevenson, décrit l’atmosphère particulier et le contexte général qui a abouti à son élaboration, s’attarde sur les emblématiques Warner et Universal avant de conclure sur de précieuses annexes (Mary Shelley en dix dates, Dix premières pour Frankenstein, une méticuleuse bibliographie et un non moins passionnant Index bibliographique). En résumé, un véritable travail de vulgarisation, qui, sans tomber dans le piège du volumineux essai ne touchant en vérité qu’un maigre public universitaire, nous enseigne l’essentiel de ce que nous devons savoir sur la Créature et le mythe qui l’entoure, tout en nous donnant l’irrésistible envie de poursuivre l’aventure en découvrant ou redécouvrant tout ce qui a engendré l’aura de fascination qu’il a exercé à travers le monde. Une nouvelle réussite de Claude Aziza qui continue ainsi à défricher les territoires mal connus où l’histoire, la littérature et le cinéma se confondent.

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