♦ SS-GB ♦
(Roman) Uchronie
AUTEUR : Len DEIGHTON (Royaume-Uni)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio
SF 601 — 528 p., 8.90 €
TO : SS-GB, 1978
TRADUCTION : Jean Rosenthal
Précédentes publications :
● Fayard, 1979 — 398 p., 19.50 €
● Alire-Romans (Québec), 10/1997— 472 p.,
9.99 € — Couverture de Jean Normand
● Denoël-Sueurs Froides, 1/2017 — 464 p.,
21.90 €
→ Les cinéphiles avertis
qui ont aimé En quatrième vitesse, le
film de Robert Aldrich inspiré d’un roman de Mickey Spillane et narrant une
enquête du célèbre détective Mike Hammer chargé d’élucider le meurtre d’un
homme retrouvé dans sa chambre sans vie avec le corps portant d’étrange
brûlures ne seront pas dépaysés en découvrant le personnage du Dr Spode,
brillant physicien retrouvé assassiné avec les mêmes marques énigmatiques sur
le bras. Douglas Archer, surnommé l’Archer du Yard en raison de son efficacité
à résoudre les enquêtes les plus difficiles, est chargé de l’affaire. Bien
entendu, le dossier est délicat, car le Dr Spode travaillait pour les nazis sur
un projet mystérieux tendant à déboucher sur la maîtrise d’un tout nouveau
facteur de destruction : l’arme nucléaire. Car nous sommes dans un monde
revisité par les ombres de l’uchronie. Grâce à l’expéditive opération Sea Lion,
les allemands sont parvenus à faire ce dont Napoléon avait toujours rêvé :
conquérir l’Angleterre, et ce sans vraiment de combats. Désormais la croix
gammée flotte sur Londres, tandis que Russes et Américains ne sont pas entrés
en guerre. Tandis que Churchill, traduit en cour martiale, a été exécuté de façon
sommaire, le roi Georges VI est assigné à résidence dans la Tour de Londres,
tandis que le reste de la famille Royale a fui en Nouvelle Zélande. Il y a bien
un certain Connolly, qui tente de rebâtir au sein du Commonwealth une
Angleterre libre, mais il a besoin pour réussir de la reconnaissance des têtes
couronnées de son pays dont le prestige n’a pas été atteint par la défaite. C’est
pour cela que le Major MacCauley, éminence grise de la résistance britannique a
échafaudé un plan visant à le libérer. Un plan que dérange les investigations
d’Archer désormais flanqué du Standartenfürer
SS Oscar Huth, venu exprès de Berlin afin de superviser pour Himmler en
personne les moindres faits et gestes du fin limier de Scotland Yard. Une
arrivée qui ne fait pas le bonheur du Gruppenführer Fritz Kellerman bien décidé
à ne pas partager ses prérogatives sur l’administration du pays occupé. Progressivement,
nous assistons aux efforts d’Archer pour mener à leur terme ses investigations,
louvoyant entre son obligation de travailler pour les allemands et les
impératifs d’une Résistance qui se démène pour entraîner l’Amérique dans la
guerre et qui entends bien châtier sans pitié les éventuels collaborateurs.
Tout l’art du roman réside d’ailleurs dans la fine description de cette réalité
britannique où une population vaincue doit transiger avec la pénurie provoquée
par la guerre, les ruines engendrées par les combats et la difficulté de
continuer à vaquer aux occupations du quotidien sans se compromettre avec
l’omniprésente administration Nazie exerçant son féroce dictat à coup de
rafles, d’exécutions et de loi martiale. Une description qui n’est pas sans
rappeler l’occupation française et l’inévitable collaboration qu’elle a entrainé.
Endeuillé par la mort sous la torture de l’un de ses agents surpris par la Résistance,
Archer trouve quelques instants de réconfort dans les bras d’une séduisante
journaliste américaine envoyée par la CIA pour superviser cette délicate
enquête dont les enjeux risquent de peser sur l’avenir du monde. Bientôt toutefois, alors que son enquête progresse, il sera
confronté au projet fou de la Résistance focalisée sur l’évasion du roi qui,
bizarrement, ne serait pas pour déplaire à certains membres de la SS, trop
heureux de jeter le discrédit sur leur ennemi juré, la Wehrmacht, chargée
d’assurer la garde du monarque. Un roman où se mêle fine
extrapolations historiques et investigations dignes des meilleurs polars
britanniques, le tout plongé dans une atmosphère aussi lourde et oppressante
que le brouillard maître des rives de la Tamise. Une uchronie qui s’inscrit
dans le sillage des Fatherland de
Robert Harris ou du célèbre Maître du
Haut-Château de Philip K. Dick narrant cette fois l’invasion des Etats-Unis
par les japonais.
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