
Né en 1925, Pierre Gripari est mort des suites d’une intervention chirurgicale à l’hôpital Saint-Joseph, à Paris, en 1990. Ayant perdu ses deux parents lors de la Seconde Guerre Mondiale, il doit abandonner ses études littéraires pour exercer divers petits métiers. Réussissant enfin à publier ses œuvres, il en profite pour explorer divers genres, comme notamment le fantastique, la SF, les mythes et le folklore populaire. Mais il est surtout connu en tant qu’écrivain pour les enfants avec ces fameux « Contes de la rue Broca ». Se définissant comme « un Martien observant le monde des hommes avec une curiosité amusée, étranger au monde terrestre », Pierre Gripari détestait toute forme de fanatisme et mana une existence de bohême aux accents épicuriens parcourus par des appartenances politiques parfois diamétralement opposées qui le firent cataloguer comme un anarchiste de droite
◊ Patrouille du conte (Roman) Merveilleux
L’Age d’Homme-Revizord, 3/2010 — 187 p.,12 €
● Précédentes publications : L’Age d’Homme, 1983, 2000 (couverture illustrée)
● Adaptation Théâtrale : La patrouille, Théâtre dès 13 ans, mise en scène Marc Frémond, texte dit par Eric Dadelsen accompagné à l’accordéon par Laurence Legrix
● Critiques : www.actusf.com (Claire Nottola) ; Fiction 376 (André-François Ruaud) ; Valeurs Actuelles du 4/03/2010 (Bruno de Cesolle)
→ Préfacée par Alain Paucard, cette réédition d’un titre du catalogue de l’Age d’Homme nous présente un roman de Pierre Gripari écrit à une époque où il n’était pas encore coutumier de détourner les contes de fées de ce que l’on pense être leur vocation, à tors bien des fois, divertir les enfants. Ici, comme dans les derniers films mettant en scène les Toons, le Royaume des Contes est bien réel. Si réel qu’une patrouille est formée pour s’y rendre. Huit enfants la composent. Conduits par un lieutenant et manipulées par un capitaine, ils ont pour mission d’aller remettre de l’ordre dans le dit royaume. Car tout va très mal là-bas. Imaginez un peu, les loups y mangent les petites filles, les ogres les petits garçons, le diable s’y promène impunément, et on peut épouser sans problèmes un prince ou une princesse ! Rien de démocratique dans tout cela. Et le peuple, lors de la dernière élection à envoyé un message clair au gouvernement : sécurité avant tout ! Donc, l’ordre est de renverser le Roi afin d’instaurer une République digne de ce nom. Mais ce changement de régime n’est pas sans risque, car les mœurs de ce royaume viennent du plus profond du subconscient collectif. Dans l’optique de faire le Bien, notre patrouille pourrait fort bien fabriquer le pire. Car, si la démocratisation était une forme de défoulement, l’égalitarisme un sorte de bigoterie, le Mal éradiqué dans un coin pourrait alors repousser dans un autre sous un aspect encore plus violent. Ne serait-il pas préférable d’appliquer la fameuse loi de la jungle et de laisser les différentes espèces se dévorer joyeusement entre elles ? Une fable non dénuée d’arrières pensées qui pointe son petit doigt sur la plaie du « tout sécuritaire », une blessure qui ne demande qu’à se rouvrir, surtout en période préélectorale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire