dimanche 30 août 2009

ANDERSON Poul William (Usa)
Né en 1926 et mort en 2001, Poul Anderson restera dans l’esprit des amateurs de science-fiction comme l’un des grands écrivains américains de l’âge d’or de la SF. Outre ses séries telles que La patrouille du temps ou les Aventures de Dominique Flandry, il a également œuvré dans la Fantasy, un genre où l’a conduit sa passion pour la mythologie nordique issue de son ascendance scandinave
◊ Trois cœurs, trois lions, suivi de Deux regret (Roman) Fantasy médiévale / Univers parallèle
Gallimard-Folio-SF 343, 5/2009 — 377 p., 7,50 € — Tr. : Jean-Daniel Brèque & Daniel Lemoine, révisée par Jean-Daniel Brèque — Couv. : Jean-Sébastien Rossbach — Sommaire :
Trois cœurs, trois lions (Three hearts and three lions, in F&SF, 9 & 10/1953 & Doubleday, 1961 — Tr.: Jean-Daniel Brèque
L’auberge hors du temps (House rule, in Homebrew, NESFA Press 1976 — Prélablement publié : in Fiction 308, 5/1980 — Tr. : Daniel Lemoine)
La ballade des perdants (Losers’ night, Pulphouse Publishing, 1991 — Tr. : Jean-Daniel Brèque)
Précédentes publications :
● Garancière-Aventures Fantastiques 10, 3/1986 sous le titre Trois cœurs, trois lions — 248 p., 49 Frs — Tr. : Jean-Daniel Brèque — Couv. : Beb Deum
● Pocket-SF 5359 sous le titre Trois cœurs, trois lions, 4/1990 — 288 p., 3,70 € — Tr. : Jean-Daniel Brèque — Couv. : Siudmak
● Le Bélial, 6/2006 sous le titre Trois cœurs, trois lions suivi de Deux regrets — 304 p., 20 € — Tr. : Jean-Daniel Brèque (révisée) — Couv. : Jean-Sébastien Rossbach — Sommaire : Préface de Jean-Daniel Brèque : Les univers-livres.
Critiques : Bifrost 44 (Laurent Leleu) ; www.cafardcosmique.com (Ubik) ; Fiction 381 (André-François Ruaud) ;
www.yozone.fr (Hervé Thiellement)
→ Dans Hrolf Kraki, Poul Anderson avait revisité avec bonheur le légendaire scandinave. Avec Trois cœurs, trois lions, il s’attaque avec autant de brio à l’imaginaire carolingien pas suffisamment exploité dans notre propre littérature alors qu’il pourrait s’avérer aussi riche que la mythologie arthurienne. Holger Carlsen, danois et membre de la Résistance contre l’envahisseur allemand est sur le point d’être capturé par la Gestapo, quand il est projeté dans un univers parallèle où vivent réellement les elfes, la fée Morgane et les dragons. Là il endosse sans véritable difficulté la personnalité de Danske, un chevalier porteur d’un bouclier frappé de trois cœurs et de trois lions. Et bientôt il se trouve engagé dans une lutte féroce où s’affrontent les forces de la Loi et celles du Chaos. Parfaite incarnation du champion éternel comme le développera plus tard remarquablement Michael Moorcock à travers son multivers, Carlsen/Danske s’aperçoit peu à peu qu’il représente l’unique espoir des hommes pour triompher des légions infernales qui déferlent sur eux. Dés lors il s’engage dans une quête épique fertile en rencontres et créatures fantastique, telles que ogres, géants, trolls, fées, mais aussi en magiciens et sorciers. Un récit qui s’inspire à la fois des mythes danois et de l’imaginaire celtique, mais surtout du légendaire carolingien sur lequel plane l’ombre de Charlemagne, l’empereur à la barbe fleurie, de Roland de Roncevaux ou du valeureux Robert de Huon. Toutefois, pareillement que dans certains de ses précédents romans comme Les croises du cosmos, Anderson accompagne les déplacements tumultueux de son héros d’une rafraîchissante dose d’humour. Parallèlement, choisit de s’écarter légèrement de la ligne de conduite magique de la fantasy traditionnelle en dotant Carlsen, ingénieur de son état, d’une tendance forcenée à vouloir ramener tous les événements surnaturels qu’il découvre dans le giron du rationnel, quitte à motiver l’existence des géants et des dragons par les lois de thermodynamique ou de la radioactivité, explications à l’appui, attitude que prend ses racines dans la conférence sur les mondes parallèles qu’il a suivi avant-guerre et dont cet excursion dans cet univers médiéval fantastique devient une sorte d’expérimentation. Il est à noter que cette édition reprend la parution du Bélial de 2006, sans Les univers-livres, la préface de Jean-Daniel Brèque (grand spécialiste de l’auteur comme le prouve son essai, Orphée aux étoiles : Les voyages de Poul Anderson, paru en 2007 chez Les Moutons Electriques), mais dans une traduction révisée par le même Brèque par rapport aux éditions antérieurs Garancière et Pocket, et avec le deux nouvelles ajoutées en fin de volume sous le titre Deux regrets. A savoir L’Auberge hors du temps et La ballade des perdants qui narrent des rencontres imprévues entre des personnages réels et fictifs se déroulant dans un lieu hors du temps, la taverne Vieux Phénix où l’invité d’un soir ne peut rester que jusqu’au lendemain matin. Un endroit où seul les poètes et les amoureux peuvent se défaire un instant du poids de leur destinée et des souvenirs qu’ils traînent dans leur sillage. On y croisera donc aussi bien Erik le Rouge, Sancho Pancha, Shéhérazade, Falstaff et Léonard de Vinci, que Abélard et Eloïse pour un temps à nouveau réuni (dans L’Auberge hors du temps, préalablement publiée dans Fiction 308) et François Villon et de son luth toujours empreint d’une ineffable nostalgie (dans La ballade des perdants, jusque là inédit en français). Une réédition bienvenue en attendant celle de Tempête d’une nuit d’été, appartenant au même cycle de la Taverne du Vieux Phénix.

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