samedi 16 août 2008

VADE Yves (Fr)
Yves Vadé, né en juin 1933, est le fondateur du Centre de Recherche sur les modernités littéraires de l’UFR de lettres de l’université Michel de Montaigne, Bordeaux III, où il a longtemps enseigné avant de prendre sa retraite, et de la collection Modernités aux Presses Universitaires de Bordeaux. C’est un spécialiste reconnu de la littérature mythique, et du personnage de Merlin en particulier.
Pour un tombeau de Merlin, du barde celte à la poésie moderne (Essai) Légendaire arthurien
José Corti-Les Essais, 1/2008 — 304 p., 22 €
→ Que ce soit à travers la fantasy, qui met bien souvent à contribution le bestiaire légendaire, aussi bien dans le cinéma que dans la littérature, que par le biais des nombreuses études centrées sur les mythes et leurs corollaires, notre siècle semble vouloir regarder bien loin en arrière, du côté d’Orphée, de Mélusine, d’Oedipe, du Sphinx, de la Chimère, des Dragons, et de Merlin, bien sûr. Car ce fascinant enchanteur se prête à merveille, grâce à ses visages protéiformes, au décloisonnement et à la circulation des cultures, saine réaction contre l’hyperspécialisation ambiante. Pour illustrer ce propos Yves Vadé propose six études qui réalisent une synthèse de ce personnage hors du commun. Le chapitre I, Naissance d’un personnage, revient sur les traces du barde Myrddin celtique, plus tard mis en scène en prophète divin par les sources latines, puis redevenant un personnage ensauvagé dans le Vita Merlini de la tradition galloise, et se transformant en prophète du graal dans le cycle de la Table Ronde et l’imaginaire arthurien pour les textes français. Le chapitre II, Des hommes sauvages et des oiseaux, renvoie aux figures du Merlin sylvestre ou sauvage (Myrdin Gwyllt) des poèmes gallois, du Lailoken écossais ou du Suibhne irlandais, montrant un Merlin appartenant aux trois fonctions duméziliennes à travers sa nature de magicien, de guerrier et d’hommes des bois. Le Chapitre III, Merlin versus Orphée, démontre comment ces deux héros incarnent les deux voies prises par la poésie depuis la fin du romantisme au-delà de la transformation du rapport aux vers. Le chapitre IV, Du fantastique médiéval au merveilleux surréaliste, expose comment, face au Merlin d’essence fantastique, les frontières du monde merveilleux et du monde réel disparaissent. Le chapitre V, André Breton et l’ombre de Merlin, analyse l’intérêt tardif porté par l’écrivain à la culture celtique et explique pourquoi la poésie de Breton appartient à la lignée merlinesque. Enfin le Chapitre VI, Henri Michaux dans l’esplumeoir, démontre que, même si ce poète avait plutôt était tenté par le monde oriental plutôt que par la tradition celtique, il appartenait néanmoins à la lignée merlinesque par les affinités d’un moi instable avec les états non humains, l’ensauvagement, les métamorphoses et l’exploitation d’états seconds. Un ouvrage qui offre ainsi un intéressant recul par rapport à la figure de Merlin, et qui vient s’ajouter avec bonheur à la longue liste des livres consacrés à

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