(Roman) SF / Dystopie / Superhéros / Fantasy urbaine
AUTEUR : Brandon SANDERSON (Usa)
EDITEUR : CALMANN-LEVY-Orbit, 12/2013 — 326 p., 14.90 €
TO : Steelheart, Delacarte Press, 2013
TRADUCTION : Mélanie Fazi
COUVERTURE : Mike Bryan
→ Brandon Sanderson aime bien la peinture d’univers sombres
dans lesquels ses héros surnagent et fond le maximum pour mettre fin à la
désespérance ambiante. Si dans sa précédente série
« Fils-des-Brumes » il nous peignait un univers de cendres sous la coupe
d’un univers impitoyable, pour le premier tome du cycle de « Cœur
d’Acier » il intègre la thématique des super-héros au sein d’un
environnement urbain et métallique qui n’a rien à envier au premier en ce qui
concerne la domination despotique. Le postulat de base prend ses racines au
cœur de l’espace, entendez la proche banlieue de la Terre où l’apparition de la Calamité , un astre rouge
qui brille dans le firmament et dont les éclats sont venus frapper sur Terre un
groupe d’élus. Mais rien à voir avec la kryptonite de notre bon superman, ici
ce sont les méchants qui se sont trouvés valorisés. Transformées en Epiques,
ils sont devenus quasiment invincibles, c'est-à-dire qu’aucune balle ne peut
les blesser, qu’aucune épée ne peut trancher leur peau, qu’aucune explosion ne
peut les détruire. Bien entendu, ils se sont empressés de mettre le monde en
coupe réglée, anéantissant sans pitié ceux qui tentaient de s’opposer à leur
hégémonie dévorante. Telle a été le cas de Newcago, une cité qui a subit un
traitement de choix, puisqu’elle est passée sous la férule d’un Epique
puissance dix, le dénommé Cœur d’Acier. Quelques temps après son arrivée et la
soumission des quelques Grands Epiques tels que Brasier, Confluence et
Maître-Nuit, assurant désormais sa garde rapproché, Cœur d’Acier à procédé à la Grande Transfersion ,
transformant en acier grâce à ses formidables pouvoirs la majeure partie de la Vieille Ville ,
créant grâce a ses Tunneliers plusieurs niveaux de rues basses entièrement
métalliques. Puis, il avait commencé à imposer son règne de terreur s’appuyant
sur une oligarchie d’Epique, mais aussi d’humains assurant le fonctionnement
administratif de la cité en contrepartie d’une relative aisance par rapport au
reste de la population. Seul avantage dans l’histoire, à Newcago il y avait de
l’électricité, de la nourriture et de l’eau, alors que le reste de la planète
était soumis au chaos propagé par les divers Epiques qui se battaient pour des
Territoires et des groupes militaires ou paramilitaires qui visaient le même
but. Cependant Newcago possédait aussi son mouvement de résistance en la
personne des Redresseurs. Ce groupe d’hommes et de femmes réunis dans la
clandestinité avait consacré leur vie à étudier le point faible des Epiques
afin de les détruire. Et c’est lors de l’exécution de Fortuité, l’un des plus
vicieux d’entre eux, que le jeune David Charleston avait décidé de les
rejoindre. Bien qu’il leur ait sauvé la mise dans ce cas précis, les
Redresseurs étaient trop méfiant pour accueillir à bras ouvert cet inconnu que
l’efficace Megan avait ramené dans leur cache. Pourtant, même le perspicace
Prof, chef incontesté du réseau, finit par se laisser convaincre par le dernier
argument avancé par David : il avait vu saigner Cœur d’Acier. Cela s’était
passé dix ans auparavant, lors de l’arrivée de ce dernier à Newcago et durant
son intervention dans une banque où il était venu mettre un terme aux
agissements meurtriers de l’Exécuteur, un Epique qui marchait dangereusement
sur ses plates-bandes. Et Cœur d’Acier avait tué le père de David, et David
avait juré de se venger. L’intrigue ainsi posée ont peut compter sur le talent
d’écrivain de Brandon Sanderson pour la développer et l’enrichir au fil des
pages, laissant planer un voile de mystère sur tout ce qui entoure les Epiques,
jouant avec habileté des « cliffhangers » en fin de chapitre,
distillant les informations avec parcimonie pour captiver l’attention du
lecteur et lui en dévoiler assez pour la compréhension globale du récit. De
quoi donc cautionner cette nouvelle apparition de l’auteur de la série
« Elantris » qui, en prenant à rebours la thématique des superhéros,
un peu comme cela avait été fait dans la série des « Gardiens » (The
Watchmen) d’Alan Moore et Dave Gibbons, adaptée au cinéma par Zach Snyder, nous
dépeint un univers alternatif où les surhommes emploieraient leurs
super-pouvoirs, non pour faire le bien, mais pour satisfaire leurs plus noirs
penchants. Un point de départ original qui ne devrait pas tarder à intéresser
les producteurs de films à gros budgets et à effets spéciaux sophistiqués.