dimanche 30 décembre 2018

La résurrection du dragon
(Roman) Urban Fantasy
AUTEUR : Romain d'HUISSIER (France)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio SF 618, 10/2018 — 394 p., 8.30 €
SERIE: Chroniques de l'Etrange 2
COUVERTURE : Alain Brion
Précédente publication : Editions Critic-Fantasy, 11/2016 — 23 € — Couverture de Xavier Collette
→ Son combat contre la secte Hmong (voir Les 81 frères du dragon, premier épisode de cette trilogie) avait laissé à Johnny Kwan, détective et exorciste patenté dans un Hong Kong où Rois dragons et entités surnaturelles cohabitent avec le nec-plus-ultra de l'hyper technologie, comme un arrière-goût d'inachevé dans la bouche. D'autant plus que dans sa lutte contre Ci Jau, ce démon ancestral que voulaient ressusciter les Hmong, il avait eu à déplorer la perte d'Andy Kwok, le jeune devin qui l'avait épaulé dans cette affaire tué par le maitre-assassin de la secte qui avait réussi à s'échapper et avec lequel Johnny avait un vieux compte à régler. Désormais, son cœur animé par la vengeance, il se lance sur les traces de ce tueur énigmatique que son ami Daniel Slung, l'inspecteur-chef de la police hongkongaise, connaît sous le nom de M. Hung, un transfuge des services de renseignements de la Corée du Nord. Cependant tandis que, pour faire honneur à son statut de détective de crise, il mène à bien quelques enquêtes de routine où il n'a pas à forcer outre mesure son talent, les meurtres rituels de courtisanes femmes-serpents ainsi que le vol d'une œuf de jade dérobé à la Triade alors qu'il en assumait la garde, plonge de nouveau Johnny dans une affaire qui dépasse ses investigations habituelles et qui risquer d'entraîner la destruction du monde. De nouvelles péripéties vont le conduire avec son compagnon le magicien Mike Lyu, puis avec Ann, la fougueuse nonne combattante, dans l'antre de la Dame Araignée, la Grande Tisseuse que même les rois-dragons redoutent et qui déplorait la mort de Wang-Lou sa fille aînée partie s'amuser à la surface lors d'une banale fête humaine. Un décès qui entre dans le nouveau canevas ou prend place Anthony Chau, le milliardaire pour lequel Johnny a déjà travaillé, se révélant sous un nouveau jour, celui de maître de la secte du Tin Haa œuvrant pour retour sur Terre du Premier Empereur, un être bien plus redoutable que tous les démons réunis contre lequel les Hmong tentaient de lutter, contrairement à ce que l'impétueux exorciste avait pu croire. Et tandis que, peu à peu, il prend conscience qu'il n'a été qu'un pion habilement manipulé depuis le début de cette histoire et que désormais les monstrueux Quatre Venins sont en position de répandre sur la Chine leur moisson d'épidémies, il voit impuissant les rangs de ses amis fondrent à vue d'œil autour de lui, et ne peut plus compter qu'avec le retour de James Woo, le maître taoïste vivant depuis longtemps en ermite dont il tenait tout son savoir magique. Un second tome qui articule habilement ses pages avec l'intrigue du premier opus révélant des pans de l'histoire sous un angle inattendu, le tout porté par la dynamique de la triade formé par Johnny, Mike le magicien et Ann la moine combattante, affrontant toutes sortes de créatures à peine imaginables dans une débauche d'action qui ne néglige par pour autant la partie émotionnelle des personnages. De quoi attendre avec impatience la reprise par Folio SF du troisième volet de la trilogie des Chroniques de l'étrange, Les gardiens célestes.
Autre couverture :

Superposition
(Roman) Science Fantasy
AUTEUR : David WALTON (uSA)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio SF 610, 10/2018 — 394 p., 8.30 €
TO : Superposition, 2015
TRADUCTION : Eric Holstein
COUVERTURE : Ugo Bienvenu
Précédente publication : Editions ActuSF-Perles d'Epice, 9/2016 — 408 p., 20 € — Couverture de James Van Zyl
Cette histoirecommence comme un bon vieux thriller avec l'incursion dans la vie et la maison de Jacob Kelley, ancien chercheur au SCNJ, siège du super collisionneur du New Jersey, de son vieil ami de fac, Brian Vanderhall. Puis, tout dérape quand ce dernier braque un révolver sur Elena, la femme de Jacob, et la tue, seule manière en ce qui le concerne de prouver la dangerosité de la découverte qu'il vient de faire et qui met en danger l'équilibre du monde. Dés lors, le roman bascule dans la physique quantique et sa fameuse théorie du chat de Schrödinger, un univers qui se comporte de manière radicalement différente de l'univers macroscopique qui gère nos habitudes et où les probabilités viennent joyeusement s'entrechoquer. Ainsi l'intrigue du roman va s'articuler autour de deux bases qui se superposent habilement grâce au talent de l'auteur. Dans ces trames narratives on découvre un Jacob arrêté pour le meurtre de Vanderhall et exposé dans un procès très médiatique où il peut compter sur l'aide opportune d'un certain... Jacob Kelley, un alter ego qui lui a échappé aux flics. Bien entendu, dans l'enchevêtrement des probabilités qui s'offre à lui, Jacob va choisir celle où les siens, sa femme Elena et sa fille Alessandra, ne sont pas irrémédiablement perdues. Mais, pour cela, il lui faudra échapper au varcolac, une entité probabiliste à l'origine de divergences durant lesquelles plusieurs états possibles peuvent coexister. Voilà de quoi nous entraîner dans une dolle course-poursuite digne du A bout de souffle de Alfred Hitchcock où les points de vue alternent sans cesse, tandis que Jacob mène sa propre enquête. Un livre porté par le dynamisme de son personnage central, Jacob Kelley, brillant scientifique viscéralement attaché à la survie de sa famille, d'où émerge la figure d'Alessandra, une adolescente dans toute la plénitude de ses doutes, qui devra partager la fuite de son père traqué par une intelligence quantique libérée par Brian Vanderhall et dont les pouvoirs semblent ne connaître aucune limites. Comment ces protagonistes vont se sortir de cette histoire mal engagée où ils paraissent voués à une défaite inéluctable face à la puissance d'un entité quantique disposant de ressources surhumaines, tel est le tour de passe passe enveloppé de mystère que David Walton qui a déjà reçu le convoité prix Philip K. Dick pour son précédent roman Terminal mind, paru en France chez Panini Books en 2013, nous propose de suivre tout au long d'un récit dont le suspense est maintenu à chaque détour de page. A noter également la postface de Roland Lehoucq, Physique et réalité, qui nous dévoile tout ce que nous devons savoir sur les multiples implications de cette fameuse physique quantique domaine de prédilection des pluri possibles dont raffolent les auteurs de science-fiction.
Autre couverture :




Les peaux épaisses
(Roman) Space Fantasy
AUTEUR : Laurent GENEFORT (France)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio SF 616, 9/2018 — 272 p., 7.80 €
COUVERTURE : Denis Bajram
Précédentes publications :
● Fleuve Noir-Anticipation 1884, 9/1992 — 190 p./Couverture de Jean-Jacques Chaubin
● Mnémos-Science-Fiction 29, 3/1998 — 240 p./Couverture de Pierre-Alain Cartier & J. France
● Editions Critic-Science-Fiction, 10/2012 — 15 €
La réédition du 4ème roman de Genefort, publié au Fleuve Noir en 1992. Elle est ici considérablement remaniée et s'insère dans la trame de  sa Panstructure, ce véritable livre-univers dont chaque roman représente des infimes fragments qu’il sème comme des cailloux sur une piste. Les peaux-épaisses y occupent une place de choix. Ce sont des humains altérés génétiquement afin de pouvoir travailler dans le vide de l’espace. Lark, l’un d’entre eux, souhaite mettre un terme à sa brillante carrière de mercenaire. Mais voilà, Roko, l’un de ses anciens élèves est engagé par la firme Colexo pour exterminer les Nomarals, le clan de Peaux-épaisses auquel justement Lark appartient. Dés lors s’engage une formidable course-poursuite à travers le cosmos. Un space-opera débridé qui permet à Laurent Genefort de faire étalage de tout son talent dans la structure de l’intrigue basée sur des recherches précises (biotechnologie, informatique, nanotechnologie, etc...). L’occasion également de confronter des personnages hors du commun à la toute puissance des multinationales qui dominent cette version d’un futur quadrillé par les Portes de Vangk, artefacts extraterrestres qui assurent le transport des vaisseaux et les communications dans toute la galaxie On retrouve dans ce roman la même problématique de  survie que celle des Mutants de Blade Runner ou des Sans Ventre de la série Space 2063, le tout donnant au livre un aspect profondément humain qui ne peut que s’épanouir au contact des mondes visités que Genefort, comme à son habitude, excelle à peupler d’une manière inventive et parfaitement élaborée. Une réédition qui ne peut donc que séduire et donner envie de lire les autres ouvrages d’un auteur phare de la science-fiction francophone.
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