jeudi 1 novembre 2018


L’inclinaison
(Roman) Science-Fiction / Voyages Temporels
AUTEUR : Christopher PRIEST (Angleterre)
EDITEUR : Gallimard-Folio SF 611, 8/2018 — 498 p., 8.50 €
TO : The gradual, Gollancz, 2016
TRADUCTION : Jacques Collin
COUVERTURE : Aurélien Police
Précédente publication : Denoël-Lunes d’Encre, 10/2016 — 398 p., 23 € — Couverture de Aurélien Police
→ Avec ce roman, préalablement publié aux éditions Lunes d’Encre et repris aujourd'hui en poche chez Folio SF,  l’auteur britannique Christopher Priest revient sur son univers de prédilection de l’Archipel du Rêve au sein duquel il nous avait déjà proposé de multiples voyages à travers ses précédents romans tels que Les Insulaires, L’Archipel du Rêve, L’Adjacent ou La fontaine pétrifiante. Brodant astucieusement son intrigue dans le canevas des paradoxes temporels, il propulse son héros, Alesandro Sussken, musicien célèbre évoluant au sein d’une dictature dont la junte au pouvoir l’incite à entamer une tournée organisée par son omniprésent promoteur Ders Axxon qui le conduirait dans le fameux Archipel composé d’îles où il avait toujours rêvé d’exprimer sa musique et, en particulier, sur Temmil, berceau de And Ante, guitariste de rock qu’Alesandro accusé d’avoir plagié son œuvre. Approchant la cinquantaine, le brillant musicien a trouvé son inspiration très jeune dans l’observation de ces îles, à une époque où les bombes pleuvaient autour de lui, tandis que s’opposaient l’Alliance de Faiandland et la république de Glaund où il était né. Puis le conflit s’est déplacé vers la partie méridionale de l’Archipel, vers le continent de Sudmaieure, un sud où a disparu son frère  Jacq, évaporé sur le front,  et qu’il ne désespère pas de retrouver même s’il est trop tard pour ses parents anéantis par la perte de ce fils aîné. Cependant son voyage, plus que sa quête d’un proche perdu et que le moyen d’exprimer tout son talent, va le confronter à l’intimité de son être par sa rencontre avec le graduel, cet étrange phénomène spatio-temporel qui baigne ses îles pas comme les autres. En effet, d’une île à l’autre, le temps ne s’écoule pas de la même manière. Tantôt en avance, tantôt en retard sur le temps absolu, ces tranches divergentes de temporalités provoquent pour Alesandro une altération du temps, positive ou négative, selon les directions qu’il a emprunté et les durées de ses séjours sur les îles qu’il a abordé. D’où le terme d’inclinaison, qui caractérise à la fois la position du voyageur par rapport à l’axe temporel commun, mais aussi celle de son esprit qui s’ouvre enfin à la réelle connaissance du monde qui l’entoure. Car, au retour de son périple musical, Alesandro prendra conscience de la tyrannie et la censure qui gangrène l’univers de Glaund où il a grandit. Véritablement transfiguré par son voyage, il doit faire face à la mort de ses parents et au départ de son épouse, mais, paradoxalement,  il se sent enfin véritablement vivant et décidé à agir sur le monde qui l’entoure en dépit des risques qui pèse sur sa propre liberté. Et pour s’extirper du carcan où voudrait l’enfermer la dictature qui l’opprime, il doit à nouveau fuir dans ces îles si tentatrices et dangereuses à la fois. A travers le personnage d’Alesandro, Christopher Priest nous convie à une sort de vagabondage mystique, sous forme d’introspection intérieure, d’un être en perte de repères et qui ne parvient pas à se raccrocher à l’ambivalente de chacune des îles visitées, dont le pendant technologique, culturel et sociologique clairement détaillé, est repoussé en toile de fond par la perpétuelle atmosphère d’étrangeté qui imprègne ses lieux soumis aux aléa du gradiant temporel provoqué par cette sorte de vortex qui enveloppe l’archipel, créant à chaque déplacement des distorsions par rapport au temps réel des principaux belligérants. Ainsi, Alesandro, tel Alan Corday, le spationaute de Retour à demain de Ron Hubbard (il a quand même fait quelques petits romans de SF avant de trouver une piteuse gloire à travers sa dianétique racoleuse) va, à son retour des îles, s’apercevoir que le temps a évolué différemment pour son entourage. Négligeant l’approche de l’explication scientifique, Christopher Priest joue sur ce paradoxe afin de proposer au lecteur une réflexion à la fois sur l’art, sur le temps, mais aussi sur le devenir des êtres et leur profonde implication dans l’univers qui les entoure. Auteur de ce que l’on a appelé le courant new wave de la SF britannique, que les anciens passionnés de littérature imaginaire ont pu notamment découvrir en France dans la collection Dimensions SF de l’éditeur Calmann-Lévy aux côtés de romanciers tels que Ian Watson, Samuel Delany, G J. Ballard ou Michael G. Coney, Christopher Priest exprime une fois de plus à travers cette histoire sa propre petite musique éloignée des chemins de la SF traditionnelle, plus réaliste que scientifique, plus poétique qu’aventureuse, et chargé d’un mystère qui ne se dévoile jamais réellement, tout en proposant une approche originale de la thématique des voyages temporels, comme a pus déjà le faire, par exemple, Jack Finney dans son célèbre Voyage de Simon Morley.
Autre couverture :


Latium II
(Roman) Space Opera
AUTEUR : Romain LUCAZEAU (France)
EDITEUR : Gallimard-Folio SF 614, 9/2018 — 624 p., 9.40 €
COUVERTURE : Manchu
Précédente publication : Denoël-Lunes d’Encre, 11/2016 — 512 p., 22.50 € — Couverture de manchu
Nous avions quitté Othon et Plautine, les deux Intelligences Artificielles confrontés à la menace des barbares extraterrestres sur fond de gigantesque combat stellaire mettant aux prises les envahisseurs et les hommes-chiens d’Eurybiades créés par Othon qui, peu à peu, apprennent à découvrir la véritable nature de leur Dieu et ses faiblesses. Après une bataille homérique qui a accouché d’une Nouvelle Plautine, IA forcée de se transformer en être de chair pour échapper à la destruction, voilà que l’ensemble des protagonistes retournent vers l’Urbs, le siège du pouvoir impérial. Or cette capitale de la Rome éternelle n’a plus guère de ressemblance avec son illustre aînée. Hellénisée, alexandranisée, elle est désormais le siège de multiples intrigues d’où émergent les figures de l’Imperator Galbian dont le pouvoir lui glisse entre les doigts pour atterrir dans les griffes d’un Triumvirat  formé par Vinius, le créateur de Plautine, qui agit en médiateur, tandis que Latius contrôle la garde prétorienne et que Martian l’affranchi aime frapper dans l’ombre. Dés lors un jeu d’alliance et de compromission va se répandre au sein de cet aéropage, proposant une lecture à plusieurs niveaux où l’on continuera de suivre les pérégrinations des deux héros, Othon et la Nouvelle Plautine qui, en ce qui la concerne, n’hésitera pas à se compromettre avec la résistance plébéiennes toujours en lutte contre les inévitables patriciens. Mais, tout ne se déroule pas comme prévu et ensemble ils devront à nouveau fuir une Urbs bien décidée à les faire disparaître de l’univers du Latium. Les voilà donc repartis dans une formidable épopée stellaire où ils iront de planètes en planètes (Mars, Europe…) rencontrant toutes sortes de personnages, dont le fabuleux Plutarque. Tandis que les hommes-chiens sont tentés par la sédition, ils devront à nouveau affronter des flottes sidérale lancés sur leurs traces et, petit à petit, nous suivrons le cheminement des pensées de Plautine greffée sur la piste de Béréniké et sa logique monstrueuse et parvenant à lever les voiles du mystère entourant l’Hécatombe pas si énigmatique que l’on croyait, mais plutôt perversement provoquée afin de répondre d’un façon radicale à l’aspiration de transcendance computationnelle que l’Humanité avait toujours caressé, sans oser véritablement se donner les moyens d’y parvenir. Entrer plus avant dans le tourbillon de cette intrigue, toujours aussi marquée par l’influence des maîtres en la matière que sont Dan Simmons et Ian M. Banks, ne servirait qu’à atténuer le plaisir du lecteur qui se faufilera pages après page dans les multiples ramifications de ce space opera grand spectacle construit comme une tragédie classique dont l’auteur avait jet é le premier jet en 2010 avant de boucler le manuscrit final au prix de maintes réécritures. Assurément un grand moment de lecture qui marquera le catalogue des parutions SF de ce début d’année 2017.
Autre couverture :



(Roman) Space Opera
AUTEUR : Romain LUCAZEAU (France)
EDITEUR : Gallimard-Folio SF 613, 9/2018 — 560 p., 8.90 €
COUVERTURE : Manchu
Précédente publication : Denoël-Lunes d’Encre, 11/2016 sous le titre Latium – Tome 1 — 506 p., 22.50 € — Couverture de Manchu
Pour son premier roman de science-fiction publié (il avait déjà œuvré du côté des nouvelles dans des revues telles que le québécois Brins d’Eternité ou le Présence d’Esprits parrainé par Denoël) le moins que l’on puisse dire est que le livre de Romain Lucazeau n’est pas passé inaperçu. Les critiques ont fleuri sur le net comme nos campagnes au printemps et, à part quelques sons de cloches défavorables, la plupart n’ont pas tari d’éloges sur cet énorme pavé publié pour la première fois en 2 tomes dans la fameuse collection lunes d'Encre à cette époque présidée par Gilles Dumay dont on ne louera jamais assez l’intensité du travail rédactionnel et l’aptitude à braquer la lumière des projecteurs sur de nouvelles plumes autant que sur des valeurs sures des domaines de la SF, et rééditié aujourd'hui en Folio. Si l’inspiration tirée des maîtres tels que Ian M. Banks ou Dan Simmons se révèle indéniable, se serait faire injure à l’auteur que d’affirmer qu’il s’est contenté de copier avec brio leur œuvre. Non, l’écriture de Romain Lucazeau, qui enseigna un temps la philosophie politique à l’université, coule comme un fleuve tranquille sur lequel on se laisse aisément entraîner. Chaque phrase parfaitement ciselée nous oblige à brancher notre esprit sur l’avalanche d’images quelles nous suggèrent, à peine tempérée par des termes sortant du vocabulaire lexical usuel dont l’explication nous est chaque fois fournie en bas de page, l’espace d’un simple coup d’œil qui ne retard pas vraiment la lecture. Mais passons à l’intrigue. De son propre aveu (interview sur le site actusf) l’auteur affirme avoir tout d’abord voulu écrire l’histoire « de princes et de princesses à la mode antique, très beaux, très froids, et calculateurs, se livrant à des intrigues et des combats, dans l’espace, avec des palais à colonnes et des cultes païens ». Une sorte de mélange entre space-opera et Antiquité, tel qu’on l’a découvert de livres comme les Illium et Olympos de Dan Simmons ou l’on retrouve une histoire détournée de la fabuleuse civilisation gréco-romaine, ou dans le Roma AEterna de Robert Silberberg et Le soldat de brumes de Gene Wolfe. Ici ce sont cependant de fascinantes Intelligences Artificielles qui tiennent le haut du pavé. Des automates orphelins de leurs créateurs, l’espèce humaine qui, après avoir commencé à essaimer dans le cosmos, a soudain été anéantie par l’Hécatombe, une mystérieuse épidémie qui l’a rayé de la carte de l’univers. Un moment perdu devant l’absence de leurs créateurs, les IA, ces serviteurs métalliques intelligents, ont fini par peupler l’espace anciennement colonisée par l’homme en créant la civilisation de l’Urbs, sorte de gigantesque satellite artificiel en forme de tambour, régi par les règles de la civilisation greco-romaine qui prédominait à la disparition de leurs maîtres. Régnant désormais sur le Latium, l’espace épanthropique où les humains avaient jadis vécu, les IA sont cependant confrontés dans les Limes, cette sorte de no-man’s-land volontairement créé à la frontière de leur gigantesque territoire, à la menace des barbares, des extraterrestres qui cherchent à envahir les territoires colonisées par les IA. Bloqués par le Carcan, émanation des lois de la robotique d’Asimov qui leur interdit de porter atteinte à un être vivant, ces dernières ont du innover. Ainsi certaines d’entre elles, animés par leur esprit rebelles, se sont incarnées dans les Nefs, d’immenses navires interstellaires entièrement automatisés. Telle a été le cas de Plautine, l’intelligence qui n’a pas perdu espoir de retrouver un jour un humain survivant et qui erre, dans un demi-sommeil, aux limités des Limes, ainsi qu’d’Othon, un guerrier par excellence qui a terraformé la planète Ksi Bootis afin d’y élever une race d’homme-chiens vivant sur le modèle de l’Antiquité grecque, qui l’adorent en tant que Dieu et qui combattront les barbares à sa place. Tout commence, dans ce livre par un mystérieux signal capté par la nef de Plautine. S’accrochant au moindre espoir d’une survie humaine, cette dernière décide de remonter à sa source et, pour cela,  elle demande l’aide son ancien allié, Othon, l’autre rebelle d’Urbs. Et nous voilà embarqués dans plus de 500 pages d’une aventure qui se déploie telle une gigantesque fresque focalisant tour à tour notre attention sur une civilisation de l’Urbs, dont les sénateurs, encore marqués par la perte du Dieu qu’a été l’homme, tergiversent pour prendre les décisions, ou sur des hommes-chiens qui s’extirpent peu à peu de leur domination mystique pour s’interroger sur les faiblesses d’Othon leur créateur, le tout sur fond de gigantesque affrontement sidéral qui conduira à la transformation de l’autre protagoniste du récit, Pauline, la fascinante IA en mal d’humain. Marqué du sceau de la tragédie, et de celle de Corneille en particulier,  plongé dans les méandres d’une philosophie tirée de la Monadologie de Leibtnitz, empruntant les sentiers de Frankenstein ou de l’île du docteur Moreau dans la recréation du vivant sous l’égide d’Othon, ce roman nous immerge dans le chaudron des interrogations métaphysiques posées aux IA, uniques protagonistes de ce récit évoluant dans l’ombre de la religion pythagorienne et néoplatonicienne, centrée sur le soleil, les nombres et les concepts, et formant une image  d’un futur basé sur l’évolution  d’une civilisation romaine dont l’influence ne se serait jamais éteinte. Assurément un grand livre, dont le second dytique devrait tenir les promesses affichées dans ce premier opus.
Autre couverture :


Conséquences d'une disparition
(Roman) Science-Fiction
AUTEUR : Christopher PRIEST (Grande Bretagne)
EDITEUR : DENOËL-Lunes d'Encre, 8/2018 — 335 p., 21.50 €
TO: An american story, Gollancz, 2018
TRADUCTION : Jacques Collin
COUVERTURE : Aurélien Police
→ Les lecteurs de SF français connaissent bien Christopher Priest. Ils l'on vu débouler au catalogue de la collection Dimensions SF des éditions Calmann-Lévy, qui avait l'ambition de faire découvrir aux mangeurs de grenouilles un autre volet de la science-fiction s'apparentant souvent à ceux que les anglo-saxons appelèrent la New wave. C'est ainsi qu'aux côtés de Priest (Le monde inverti, Futur intérieur, La fontaine pétrifiante) on découvrait des auteurs phares de cette nouvelle SF britannique comme Ian Watson, J.G. Ballard, Brian Aldiss accompagnés par des célébrités venues d'Amériques tels que Philip K. Dick, Frederik Pohl, Robert Sheckley, etc… Cette fois, l'auteur de Prestige, adapté à l'écran par Christopher Nolan, nous invite sous l'emballage d'une touchante histoire d'amour à une réflexion sur la vérité, telle que nous la matraque les sommaires de journaux télévisés. Ne tombant pas dans l'écueil du récit complotiste, Christopher Priest nous propose de partager les interrogations de Ben Matson, anglais et pigiste régulier, dont l'existence n'a plus le même goût qu'avant depuis qu'il a perdu Lilian Viklund, une jeune femme avec qui il avait noué une liaison passionnée jusqu'à sa brutale disparition lors des attentats du 11 septembre en tant que passagère de l'avion qui s'était écrasé sur le Pentagone. Vingt ans après, Ben n'a toujours pas fait son deuil et le souvenir de la belle Lilian remonte cruellement à sa mémoire avec le décès du scientifique Kyril Tatarov, qu'il a naguère interviewé et dont la brève et énigmatique disparition de 2006 avait questionné pas mal de services secrets de par le monde. Une mort qui s'accompagne de la découverte de l'épave d'un avion  à une centaine de miles des côtes américaines. L'implication de la CIA pour prendre en main les recherches autour de cet objet ressurgi des profondeurs marines ainsi que les propos de Tatarov qui mettait en doute la théorie officielle concernant les événements terroristes de 2001 entraîne Ben et le lecteur qui l'accompagne dans des allers-retours entre le présent et le passé à la recherche d'une vérité qui ne serait pas celle pour laquelle ont nous aurait formatés. Sans envolée dans le vide interstellaire, ni menace d'intelligence artificielle ou d'ET aux contours et motivations indéfinissables, Christopher Priest démontre que l'on peut construire un roman de science-fiction en s'appuyant matière vivante de la réalité, à condition de disposer d'un talent d'écrivain suffisant pour tisser une intrigue convaincante sur des faits qui nous ont tous, un jour ou l'autre, poussé à la réflexion. Précisant lui-même qu'il ne partage pas forcément les idées de son héros Ben, pas vraiment un journaliste d'investigation, mais un homme brisé rongé par le besoin d'en découvrir plus sur la disparition de l'être aimé. Ce faisant, il pointe le doigt sur la désagréable sensation que dans le monde où nous évoluons aujourd'hui, ce qu'il appelle les "dissonances cognitives", c'est-à-dire la sensation diffuse que quelque chose ne tourne pas rond dans la soupe que nous servent réseaux sociaux et antennes relais, nous pourrissent parfois la vie avant que nous rattrape le besoin de se raccrocher aux versions officielles nous confortant dans des certitudes ébranlées par notre propre subconscient. Et rien que pour cela il faut lire ce livre qui peut s'apparente au clignotement d'un phare venu nous rappeler que la manipulation fait partie de ce monde et que ceux qui la dénonce sont vite cloués au pilorie, même s'ils le font d'une toute petite voix. Un roman qui n'a pas été publié par les éditeurs américains, peut-être encore trop à fleur de peau avec tout ce qui touche à la destruction des tours jumelles…


Les quatre-vingt-un frères
(Roman) Urban Fantasy
AUTEUR : Romain d'HUISSIER (France)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio SF 609, 9/2018 — 377 p., 8.30 €
SERIE: Chroniques de l'Etrange 1
COUVERTURE : Alain Brion
Précédente publication : Editions Critic-Fantasy, 10/2015 sous le titre Les 81  frères — 352 p., 22 € — Couverture de Xavier Collette
→ Bienvenu dans le Hong Kong de l'après Rétrocession. Un monde où se côtoient les buildings de verre et l'ancienne magie. Car, à côtés des traders et des multiples représentations d'une civilisation moderne où le net à pignon sur rue vivent également des démons, des monstres et des esprits. En effet les créatures mythiques ne peuvent pas se passer de l'humanité. Pour elles les hommes sont à la fois des proies, des compagnons, des objets de curiosité, des cousins éloignés, mais aussi terriblement proches… Tout à fait comparables à des immigrés humains, ils finissent par s'adapter et à trouver leur place dans les gigantesques métropoles. Cependant, il arrive parfois que certains dérapent, causant des troubles que la police n'est guère équipée o entraînée pour affronter. C'est là qu'intervient Johnny Kwan, le fat si, entendez un exorciste taôiste qui possède un don inné le rendant particulièrement sensible aux phénomènes surnaturels. Client régulier des services de la police et, le plus souvent, de son ami, l'inspecteur Daniel Sung, il est appelé afin de mettre un terme, si possible de manière légale, à l'apparition surnaturelle qui est venu menacer l'intégrité physique ou mentale de son client. Son but : traquer et chasser l'importun, puis purifier l'atmosphère afin que soit rétabli l'équilibre parfait entre le yin et le yang. Il venait justement de mettre fin, non sans avoir payé de sa personne, aux agissements de deux sezing, de redoutables esprits-serpents qui s'était introduits dans la demeure d'un humble boutiquier, quand l'inspecteur Sung, vient lui proposer un dossier qui pourrait bien améliorer ses fins de mois parfois difficiles : retrouver un lot d'antiquités volées dans un entrepôt et destinée à compléter du richissime collectionneur Anthony Chau, l'une des personnalités les plus en vue de Hong Kong. Préoccupé par la mort mystérieuse de son mentor Eric Tse, le meilleur spécialiste en spectres et fantômes de tout Hong Kong, il se lance tout de même dans cette périlleuse enquête qui le conduira bientôt dans la demeure souterraine de Ngou Zong, un dangereux et vénérable roi-dragon. Ce dernier lui apprend que le vol objet de ses investigations pourrait bien être en rapport avec le fieu-démon Ci Jau, qui défia jadis l'Empereur Jaune durant les âges mythiques. Vaincu, il fut enfermé dans un prison mystique d'où, semble-t-il voulait le sortir des êtres sûrement pas animés des meilleures intentions. Menacé,  attaqué par toutes sortes de créatures  peu recommandables, Johnny Kwan se retrouve sur les traces de Quatre-vingt-un Frères, une mystérieuse congrégation composée de Hmong, les descendants des sujets de Ci Jau. Aidé par Bui Hok, l'impressionnant général du roi-dragon, et Ann Lung, une nonne guerrière très expérimentée dotée d'un puissant talent d'évocatrice. Avec sa besace, bourrée d'armes les plus hétéroclites, sa façon de surfer sur le taonet, sorte d'internet underground constituée par les divers sites, forums et blogs tenus par des fat si, Johnny est un enquêteur de l'étrange pas comme les autres. S'inscrivant dans les lignées des Harry Dresden des Dossiers Dresden de Jim Butcher, du farfadet Maspalio du cycle d''Abyme de Mathieu Gaborit, John Taylor du celui du Nightside de Simon R. Green, ce premier roman nous propose en prime une description fascinante de ce Hong Kong du proche futur qui, ville-archipel qui s'imbrique à merveille dans le créneau de l'urban fantasy avec son savant mélange de traditions anciennes et d'ultra-modernité. Un récit qui se conclut par la réédition de la nouvelle Vengeance pour un dragon publiée à l'origine dans l'anthologie L'Amicale des Jeteurs de Sorts aux éditions Malpertuis en 2013, sorte de prototype de l'univers des Chroniques de l'étrange, dont l'action se situe quelques semaines avant les événements relatés dans ce roman.
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