(Recueil) Fantastique
AUTEUR : Sheridan LE FANU (Irlande)
EDITEUR : PRESSES DE LA CITE-Omnibus, 2014 — 928 p., 29 €
TRADUCTION : Patrick Reumaux, Michel Arnaud & Elisabeth Gille
SOMMAIRE :
Préface : Le prince invisible de Dublin, de Alain Puzzuoli
Introduction :
● L’oncle Silas (Tr. : Patrick Reumaux)
Dans un miroir piqué :
● Thé vert (Tr. : Elisabeth Gille)
● Le guetteur (Tr. : Patrick Reumaux)
● M. le juge Harbottle (Tr. : Elisabeth Gille)
● La chambre de l’auberge du Dragon Volant (Tr.: Michel Arnaud)
● Carmilla
● D’une fenêtre, à mi-voix (poême) (Tr. : Patrick Reumaux)
→ Paru
en 1864, L’oncle
Silas
demeure un modèle de la littérature gothique avec ses grandes
maisons sombres et mystérieuses, ses crimes inexpliqués, ses jeunes
demoiselles en détresse. Toutefois, le surnaturel n’y apparaît
que sur la pointe des pieds puisque la jeune héroïne, à la suite
du décès de son père, riche gentilhomme campagnard anglais, se
trouve confrontée à la menace d’un mariage forcé et doit lutter
contre l’emprise de son tuteur légal, le maléfique oncle Silas,
ainsi qu’à celle de la non moins inquiétant Madame, gouvernante
française dont il préférable de ne jamais croiser la route. C’est
donc plus un thriller qu’un véritable récit fantastique, celui-ci
n’étant qu’épisodiquement suggéré au fil des pages, que nous
sommes invités à lire dans la nouvelle traduction de Patrick
Reumaux pour ce récit que la grande romancière britannique
Elisabeth Bowen a qualifié de roman de terreur. Dans les textes qui
suivent nous avons l’occasion de nous plonger dans les méandres de
l’esprit tourmenté de ce romancier irlandais dont le nom de Le
Fanu provient de l’ancien terme désignant les huguenots français
fuyant les persécutions des guerres de religions. Le
guetteur
est la première mouture de The Watcher, parue en 1847 dans le Dublin
University Magazine, qui fera l'objet d'une nouvelle traduction pour
devenir deviendra The Familiar (Le
Familier)
en rejoignant, dans une version légèrement remaniée, le recueil A
Glass Darkly (Les créatures du
miroir),
publié en1872. Thé
vert
nous dépeint les angoisses du révèrent Jennings hanté par un
mauvais esprit ayant adopté la forme d’un singe noir qu’il est
le seul à voir au point que son ami, le docteur Hesselius, à qui il
confie sa hantise pensera qu’il a abusé du thé noir, seule
explication rationnelle pour lui des manifestations qui perturbent
le révèrent. La
chambre de l’auberge du dragon volant
est un parfait exemple du récit d’épouvante narrant les aventures
d’un jeune anglais témoin de meurtres sauvages dans une auberge de
campagne. Un récit adapté au cinéma par le réalisateur Calvin
Floyd en 1981 sous le titre The
sleep of death
et dont le sujet aura été également traité, mais de manière plus
humoristique, dans la célèbre Auberge
rouge
de Claude Autan-Lara. Mr
le juge Harbottle
avec son inquiétant plaignant qui assigne Monsieur Justice devant la
haute Cour, est pour sa part un récit que l’on peut classer dans
la thématique du double. Mais c’est surtout Carmilla,
repris en fin de volume, qui a marqué son temps. En effet,
l’histoire de Laura, petite fille d’un gentilhomme anglais
installée en Styrie, qui va peu à peu succomber à l’envoûtante
emprise de Carmilla , une jeune inconnue ayant croisé sa route,
exprime à merveille tout le talent de le Fanu pour décrire les
émotions troubles pouvant s’emparer de ses personnages mystérieux
et fragiles, sans cesse en équilibre entre le réel et le
fantastique. Tandis que dans la campagne environnante les indices
dénotant une présence vampirique s’accumulent, le lecteur assiste
à l’inexorable fuite en avant de Laura, captivé par l’amour que
lui prodigue cet être mi-femme mi-vampire chez qui Bram Stoker a pu
puiser son inspiration pour son immortel Dracula,
tandis que Roger Vadim sut en tirer son mémorable film Et
mourir de plaisir
qui faisait la part belle à la dimension saphique de l’histoire.
Conclu par le poème D’une
fenêtre, à mi-voix,
ce recueil s’inscrit une nouvelle fois comme une réussite dans le
catalogue des Omnibus des Presses de la Cité qui a déjà su nous
offrir dans la même thématique de véritables petites merveilles
avec ses collectif Vampires.
Dracula et les siens
et Les chefs d’œuvre du
fantastique
ou le Dracula et autres chefs
d’œuvre
de Bram Stoker.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire