(Roman) Merveilleux
AUTEUR : Martin MILLAR (Royaume Uni)
EDITEUR :
GALLIMARD-Folio SF 536, 1/2016 — 354 p., 8,20 €
TO : The good
fairies of New York, 1992
TRADUCTION : Marianne
Groves
COUVERTURE : Aurélien
Police
Précédente
publication :
Editions Intervalles, 4/2009 — 304 p.,
19 € — Couverture non illustrée
→ Lorsque Neil Gaiman en personne prend la peine d'écrire
la préface élogieuse d'un roman, en soit, cela représente déjà un gage de bonne
lecture promise, Et le roman de l'écossais Martin Millar ne nous déçoit pas.
Les fées à New York, tout au moins les créatures de l'imaginaire, on connaît,
ne serait-ce qu'à travers la BD Ekhö de Arleston et Barbucci (ed.
Soleil). Ais Millar, c'est autre chose… Oubliez les fées Clochette et consort
de l'univers Disney et faites la connaissance avec Morag McPherson et Heather
MacKintosh, deux petites fées écossaises qui, après un soir de bonne cuite, se
retrouvent catapultées dans un New York tentaculaire bien différent de leur
ancien environnement campagnard. Alcooliques, toujours emmêlé dans le conflit
ancestral qui agite leurs clans respectifs, elles décident, travail de fée
oblige de s'attacher à améliorer le quotidien des quelques humains égarés dans
ce monde de brute qu'elles ont pris sous leur coupe car ils ont la capacité, et
pour certains le malheur, de les voir. Dinnie, ennemi de l'humanité en
surcharge pondéral et pire violoniste de New York fait parti des élus.
Musiciennes hors pair, bien que l'idée de jouer les Ramonès sur leurs violons
ait suscité un certain émoi parmi le peuple de la féerie, nos pétillantes
écossaises s'attacheront à son cas avec un soin qui, pour lui, frisera la
persécution. Il faut dire, à leur décharge, que Dinnie joue sans le savoir sur
le plus légendaire violon d'Ecosse, un viatique qui, s'il le leur donnait, leur
permettrait de lever la procédure de bannissement dont elles ont fait l'objet
après une sombre histoire portant sur la détérioration de l'honorable bannière
des McLeod. Mais elles s'occuperont également de la jolie Kerry, atteinte de la
maladie de Crohn et qui passe son temps à mettre la dernière touche à son
alphabet de fleurs, Magenta, la clocharde qui se prend pour Xénophon et rejoue
l'Anabase en plein Manhattan, sans oublier le fantôme de Johnny Tender en quête
de sa guitare fétiche et un mystérieux pavot à 3 têtes. N'oublions pas les
écureuils de Central Park qui parlent comme vous et moi (mais qui ne croient
pas aux fées, eux!) et les autres fées du coin, chinoises, italiennes et
africaines, qui ne voient pas d'un bon œil l'arrivée de ses empêcheuses de
tourner en rond blackboulant quelque peu leurs sacro-saintes règles de vie et
empiétant sur leurs territoires respectifs. Parfait manieur d'intrigues, comme
il a su si bien le faire avec la série de Thraxas dont les premiers
volumes sont parus en France aux éditions Fleuve Noir, Martin Millar s'amuse
également à nous délocaliser en nous ramenant dans l'Ecosse natale des fées
soumise désormais au dictat d'une révolution industrielle imposée contre
laquelle se dresse un certain Aelric qui se sert d'une ancien ouvrage du
président Mao pour, du fin fond de son Cornouailles, semer la pagaille dans la
nouvelle organisation plongeant le Petit Peuple dans le désespoir d'un travail
de 12 heures par jours. Poursuivies par les fées vengeresses que le roi Tana,
craignant pour sa couronne, a lancé à leur poursuite, nos deux comparses
querelleuses vont semer la zizanie partout où elles passent entraînant dans le
sillage de leurs catastrophes pavées de bonnes intentions tous ceux qui
croiseront leur route de poudre et de paillettes, Et, après tout cela, vous
pensez encore que vous allez vous ennuyer durant ses 354 pages… Que nenni !
Croyez-moi, vous en redemanderez, et ça tombe bien car vous pourrez retrouver
martin Millar chez Intervalles avec ses deux romans du cycle de Kalix le
loup-garou (Kalix le loup-garou solitaire et Kalix, la malédiction de
la loup-garou) deux livres qui, comme pour Les petites fées de New York
ont le mérite de faire pénétrer le merveilleux dans notre univers quotidien en
faisant endosser aux créatures qui l'habitent des costumes proches des nôtres avec leur lot de
mensonges, de traîtrises, de perfidie, mais aussi de tendresse, d'humour et
parfois de grivoiserie.
Autre couverture :
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