(Roman) Science-Fiction / Dystopie)
AUTEUR : Jane
ROGERS (Royaume Uni)
EDITEUR : GALLIMARD-Folio SF 536, 1/2016
— 354 p., 8,20 €
TO : The good fairies of New
York, 1992
TRADUCTION : Marianne Groves
COUVERTURE : Aurélien Police
Précédente publication : Editions Intervalles,
4/2009 — 304 p., 19 € — Couverture non
illustrée
→ Jessie Lamb avait seize ans lorsque le monde s'est
écroulé autour d'elle, Le virus du SMM (Syndrome de Mort Maternelle),
probablement libéré par des bio terroristes, a déferlé sur le monde et les
femmes enceintes meurent en couche, leur cerveau peu à peu réduit à l'état
d'une éponge. Désormais la jeune génération qui n'a pas été contaminé sera la
dernière que connaîtra une Humanité menacée d'extinction car incapable de se
renouveler. Dés lors la société confrontée à cette pandémie affiche toutes les
stigmates de la déliquescence : émeutes, vandalisme, suicides, dérives
sectaires, violence exacerbée. C'est justement cette violence que semble
exercer le geôlier de Jessie, qui la maintient entravée dans une chambre où
seul un morceau de papier et un stylo lui permettent de rédiger ce testament
constituant la trame essentielle de ce livre. Alternant systématiquement entre
réalité et retour dans le passé, l'intrigue nous amène à partager l'intimité
des pensées de cette jeune héroïne dont nous suivrons, en même temps que ses
efforts pour échapper à son enfermement, le cheminement de la pensée.
Hésitante, indécise, prenant les décisions que pourraient tout d'abord lui dicter l'insouciance de son âge, mais qui
deviennent vite motivées par un réel besoin d'apporter sa propre pierre au
devenir du monde, Jessie va volontairement se confronter à sa propre
responsabilité dans le cour de l'Histoire qu'elle peut désormais changer. Car
les scientifiques ont travaillé dur afin de trouver une solution de
substitution à la mort programmée de l'espèce orgueilleuse qui croyait
éternellement dominer la planète. Le programme concocté a pour nom Sleeping
Beauty (Belle au Bois Dormant) et il ne brille pas par son humanisme. En effet
désormais des femmes volontaires seront utilisées comme réceptacles. Maintenues
artificiellement en vie alors qu’elles se transformeront lentement en légume,
elles finiront par donner naissance aux embryons non contaminés implantés dans
leurs ventres, se sacrifiant ainsi pour assurer la survie de l'espèce. Bien que
ses enfants soient à leur tour atteint par le SMM, Jessie a décidé d'offrir son
corps à la science, au grand désespoir de son propre père, prêt à tout pour
l'empêcher de réaliser ce qu'il considère comme une folie, et allant même
jusqu'à la violence de la séquestration. Un livre paru pour la première fois en
France chez les Presses de la Cité en 2014, premier roman de l'écrivaine
britannique Jane Roberts, qui enseigne l'écriture romanesque à l'université de
Sheffield, a être publié en France, Un récit dans lequel certains critiques ont
pu opérer un rapprochement entre Jessie et l' »héroïne du roman de Karen
Thompson Walker, L’âge des miracles, (paru également aux Presses de la
Cité) car il s'intègre dans un background identique de fin du monde (le ralentissement
de la rotation de la Terre sur son axe dans le livre de Thompson Walker), mais
dont je rapprocherai plus volontiers la thématique du roman de P. D. James, Le
fils de l'homme, adapté au cinéma par Alfonso Cuaron en 2006, qui nous
plonge au sein d'une dystopie décrivant un Royaume-Uni en proie au chaos des
pandémies, de la guerre et du terrorisme depuis que la totalité des femmes
soient devenus stériles, et s'attachant au trajet semé d'embûche d'une jeune femme portant la
promesse d’un bébé dans on ventre. Travaillant la psychologie de ses
personnages avec la finesse d'une aquarelliste, Jane Rogers nous dépeint les
moindres implications, politiques, religieuses, ou déontologie que provoque
l'apparition de la SMM appuyant sans hésitation là où sa fait mal, comme du
côté de l'instrumentalisation des jeunes filles, et nous laissant en définitive en plein questionnement
sur le choix prit par Jessie Lamb en son âme et conscience. Et refermer un
livre avec encore en nous un foisonnement d'incertitude bouillonnant dans
l'esprit des lecteurs est déjà en soit une belle réussite de la part d’un
écrivain dont c’est ici le premier roman publié en France.
Autre couverture :
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