(Roman) Postcataclysme
AUTEUR : Estelle FAYE (France)
EDITEUR : GALLIMARD
FOLIO 585, 9/2017 — 336 p., 8,50 €
COUVERTURE : Sam Van Olffen
Précédente publication : Les Moutons
Electriques-La Bibliothèque Voltaïque, 6/2014 — 256 p., 21 € — Couverture de Aurélien
Police
→ Estelle Faye nous
avait déjà entraîné dans une fresque uchronique passionnante avec sa trilogie
de La voie des oracles également
reprise chez Folio et narrant les aventures d’une jeune femme doté de dons de
divination dans un monde soumis à la férule de l’Empire romain, mais dans
lequel surnage encore les divinités du passé. Cette fois elle revient avec un
récit de postcataclysme porté par Chet, un héros quelque peu déjanté, à la fois chanteur de jazz et facilitateur, c'est-à-dire
doué pour mettre les gens en contact, véritable animal de survie qui enchaînent
les jobs plus ou moins illégaux afin de boucler ses fins de mois au sein d’un
Paris d’après la Fin du Monde devenue une cité tentaculaire et démembrée où les
masses interlopes qui la composent ne subsistent que grâce à la nourriture
fournie par les Frelots de la Bordure. Voilà notre Chet qui, après avoir
succombé au charme de l’envoûtant Galaad, se trouve embrigadé dans un sombre histoire de
recherche de dealer, Echo en l’occurrence, l’un des vecteur de prolifération de
la Substance, drogue redoutable provoquant de singuliers troubles de la
personnalité et véritable bombe a retardement venant de très haut et portant en
son sein les germes d’extermination de la ville. Pour trouver Echo, Chet n’hésitera
pas à retourner dans l’Au-delà, quartier de haute insécurité où des bandes de
savants fous se livrent à toutes sortes d’expérimentations sur les corps et les
âmes des misérables déchets qui tombent entre leurs griffes. Dans ce Paris à l’atmosphère
de Moyen Age, mais où es drones incontrôlés continuent de se prendre au hasard
à la population, Chet le bisexuel et son chevalier blanc rebondissent de
situations critiques en expériences désespérées, visitant au passage des lieux
intemporels que les amoureux de l’ancienne Lutèce découvrant sous un vernis de
fantastique, tel ce parvis Notre Dame aux mains du roi gitan, le sinistre
Janosh La Lavorna, ce Jardin du Luxembourg aux plantes dévorantes, cette
piscine Molitor repaire de sirènes et ces catacombes encore plus mystérieux qu’ils
l’étaient de nos jours. Retrouvant au passage Tess, son ancienne amante, Chet
semble évoluer comme un poisson dans l’eau dans cet univers post-apo où, à
force de maltraiter la planète l’homme a fini par la pourrir, pour l’achever à
coups d’exploitation de gaz de schiste, et entraîner sa révolte climatique ne
laissant que des déserts où surnageaient quelques cités tentaculaire
provisoirement épargnée par le retour au néant. Parcouru d’une sensualité qui
transpire entre les lignes, porté par des descriptions fines et fantasmées
issues du formidable travail de recherche auquel s’est livré l’auteur,
enveloppé dans une trame narratrice qui alimente sans cesse l’intérêt du
lecteur, ce livre bouillonnant d’originalité flirte harmonieusement avec SF,
polar et Fantasy urbaine et démontre une fois plus qu’il faudra compter avec la
plume de Estelle Faye dans la nouvelle génération des arpenteurs d’imaginaires.
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