(Roman)
Fantastique / Pirates
AUTEUR
: Jean-Claude MARGUERITE (Fr)
EDITEUR
: Gallimard-Folio SF 453, 4/2013 —
1562 p., 14,50 €
COUVERTURE
:
Aurélien Police
Précédente
publication : Denoël, 5/2010 —
1294 p., 30 € — Couv. : Valsecchi, Alinari, Roger-Viollet
Critiques
: www.actusf.com
(Chloé) - Bifrost 60, 23/1/13 (Olivier Legendre) –
www.cafardcosmique.com
(Ubik) - www.noosfere.com
(Gaëtan Driessen & René-Marc Dolhen)
→
Né
d’un conte destiné à être lu à son fils, puis comme une
nouvelle à paraître dans une revue italienne sur la navigation de
plaisance, l’histoire du Vaisseau
ardent
s’est imposé à Jean-Claude Marguerite, comme un récit
interminable dans lequel il a fallu tailler et resserrer afin que le
livre aboutisse, et que cette formidable aventure qui lui a pris de
nombreuses années de sa vie soit enfin partagée. Tout commence par
l’évocation des souvenirs du capitaine Petrack lorsque, au côté
de son ami Jack, le jeune Anton, il rêve d’aventure et de
piraterie sur les bords d’un petit port de la Yougoslavie de Tito.
Un désir alimenté par l’histoire du Pirate sans Nom, un
mystérieux flibustier dont personne n’a retenu les fabuleuses
péripéties, que leur narre l’Ivrogne en échange de bouteilles de
mauvais rhum. Disparu sans laisser de trace ce forban hors du commun
aurait accumulé sur une île déserte le plus fabuleux trésor que
la Terre ait jamais connu et laissé derrière lui l’énigmatique
légende du Vaisseau Ardent, un navire qui ne cesse jamais de se
consumer.. Mais l’Ivrogne meurt noyé avant de pouvoir leur en dire
plus. Passé à l’âge adulte, Anton décide de donner corps à
cette légende, et devient à son tour un pirate des temps modernes
lancé dans une quête qui durera sa vie entière. Une quête qui le
conduira à errer sur toutes les mers du mondes, à fouler le sol des
cinq continents, à faire la connaissance de Nathalie Derenoy, une
jeune fille dont la famille poursuit les mêmes recherches depuis des
générations, pour finir par découvrir que l’énigme du Pirate
Sans Nom en cachait une autre, bien plus vieille, celle du Vaisseau
Ardent. Dés lors le lecteur est entraîné dans une intrigue
composée de plusieurs récits étroitement imbriqués les uns dans
les autres, comme les souvenirs de Petrack, les histoires de
l’Ivrogne et la vie du fameux Pirate Sans Nom. Abordant le mythe de
l’Arche de Noé et du Déluge, les légendes du Buisson Ardent qui
jamais ne se consume et de la Fontaine de Jouvence que tant d’hommes
ont recherché en vain, ce premier roman de Jean-Claude
Marguerite nous propose également un détour par la mystérieuse Ile
Eléphantine, cet oasis des temps premiers remontant à l’époque
pharaonique, ainsi qu’une imitation du Neverland
de Peter Pan et un voyage vers les utopies originelles à la Thomas
More avec la légende de la colonie Libertalia, censément fondée
par un pirate français nommé Mission au XVII° siècle. Véritable
enquête à la Indiana Jones conduite par le « Sherlock Holmes des
mers » qu’est devenu Anton Petrack, cette aventure parfumée par
les embruns du large se perd dans les brouillards hantés par les
étraves des vaisseaux fantômes et la légende du Hollandais Volant,
tout en s’appuyant sur les épisodes bien plus concrets que, grâce
à ses méticuleuses recherches, l’auteur a pu tirer des récits
des flibustiers des caraïbes, de ceux des Frères de la Côte, des
Pirates du Nord de l’Europe, de ceux de l’Adriatique ou du
corsaire Jean Lafitte. L’ensemble s’article au rythme d’une
technique de narration parfaitement élaborée qui emprunte à
plusieurs styles littéraires : narration classique, récit de
seconde main, journal intime, pièce de théâtre, correspondance,
retranscription de légendes orales, comme si, à chaque pan de
l’histoire le besoin s’était fait sentir de procéder à une
transmission à travers des aventures vécues par procuration. Un
texte volumineux porté par une soin particulier apportée au noms
riches en symbole des protagonistes (Fureteuse, Pue-la-Mort, Mères
des Anges, etc…) mais aussi par la complémentarité des
oppositions (Feu-glace, jeunesse-vieillesse) donnant plus d’épaisseur
à des personnages dont nous sommes invités à partager toutes le
lourd passif émotionnel qui donne encore plus de sens à leurs
destinés peu communes. Véritable jeu de piste où l’auteur
s’amuse à déconstruire sa narration, à rebondir de digressions
en digressions, pour mieux nous ramener vers le cœur de l’intrigue,
ce roman imprégné d’influences littéraires puisées au cœur de
l’histoire de la piraterie et des grands récits maritimes, tels
que L’île
au trésor
de Stevenson ou le Monfleet
de John Meade Falkner, nous invite également à une réflexion sur
les rapports étroits que l’Histoire entretien avec les mythes et
les légendes, proposant ainsi un inoubliable moment de lecture digne
de figurer sur les rayonnages des bibliothèques des découvreurs de
nulle part des arpenteurs d’imaginaire. Une autre perle à ajouter
aux colliers des rééditions que nous offre la collection Folio SF
des éditions Gallimard, comme le Déchronologue
de Stéphane Beauverger ou, plus récemment, Le
fleuve des dieux
de Ian McDonald. Né en Normandie en 1955, Jean-Claude Marguerite
habite en Ile-de-France, il enseigne la PAO à Paris III et travaille
dans l'édition comme graphiste et responsable technique. Le vaisseau
ardent, écrit sur une période de dix-huit ans, est son premier
roman, un projet unique dans la littérature française
contemporaine.
Autre couverture :
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