mercredi 17 mars 2010

BARKER Clive (Gb)
Né à Liverpool, en Angleterre, en 1952, Clive Barker, aujourd’hui installé à Los Angeles, est devenu les plus américain des écrivains anglais. Grand admirateur de Stephen King, il s’est évertué dans ses œuvres à rendre l’horreur plus voyante et plus choquante, n’hésitant pas à chanter les louanges des plaisirs sado-masochistes et des mutations corporelles les plus extraordinaires et devenant ainsi l’un des plus illustres représentants du mouvement « Splatterpunk ». Une tendance remarquablement illustrée dans son cycles des « Livres de sang » ainsi que son goût pour les univers parallèles, comme l’atteste des œuvres telles que « Le royaume des Devins » ou la magistrale série d’ « Abarat », brillant développement de son imagination sans limites qui frôle le visionnaire dans des romans tels que « Everville », Imajica » ou « Gallilée »
◊ Le royaume des Devins (Roman) Fantasy Urbaine / Univers parallèles
Gallimard-Folio SF 359, 1/2010 — 922 p., 10,20 € — Weave world, Simon & Schuster-Poseidon, 10/1987 — Tr. : Jean-Daniel Brèque — Couv. : Michel Koch
Précédentes publications :
● Albin Michel-Romans étrangers, 4/1989 — 684 p., 15 € — Couv. : Tim White
● France Loisirs, 3/1990 — 686 p., 13 € — Couv. : Laurent Melki
● Pocket-Terreur 9118, 6/1994 — 800 p., 8,70 € — Couv. : Pierre-Olivier Templier
● Pocket-Thriller Fantastique 9118, 10/2003 — 800 p., 9 € — Couv. : Damien Venzi
Critiques : Fiction 410 (André-François Ruaud) ;
www.noosfere.com (Jean-François Thomas) ; Science-Fiction Magazine 40 (Damien Dhont)
→ Comme pour la trilogie de Fionavar du canadien Guy Gavriel Kay, un tapis est au centre de ce roman. Ici un tapis magique dont la trame patiemment tissée sert désormais de refuge au Peuple des Devins, des êtres dotés de pouvoirs surnaturels pour le commun des mortels, les « Coucous », car tel est le nom qu’ils donnent aux hommes dont ils ont du prudemment s’éloigner pour échapper à leurs continuelles persécutions. Mais Immacolata, une sorte d’Immaculée Conception à l’envers, les poursuit de sa vengeance, parce qu’un jour ils l’ont banni, de même que Le Fléau, une créature surgie du néant, qui est résolu à les exterminer, et qui les a poussé à s’exiler au cœur du tapis. Dans ce canevas fantasmagorique Clive Barker a punaisé des personnages aux relations complexes, tels que Cal, modeste employé d’assurance qui, en s’élançant derrière un oiseau, posera le pied dans un univers dont il ne pensera plus dés lors qu’à revenir. Un trajectoire qui le conduira à croiser la route de Mimi Laschenski, la vénérable Gardienne, de Shadewell, le coucou diabolique, de Hobart, le policier mal dans sa peau, et surtout de Suzanna, qui porte en elle le seul espoir de survie de l’ensemble de la Devinité. Des êtres qui évoluent au sein d’une atmosphère suscitant à la fois l’horreur, l’excitation et l’émerveillement où s’entremêlent des visions d’enfer et de paradis. Un roman à l’écriture fluide, dont l’intrigue, accompagnée de judicieuse mise en abyme, ouvre vers la description de l’un de ces mondes mythiques cher aux arpenteurs d’imaginaire, remarquablement traduit par Jean-Daniel Brèque, qui a su retranscrire toutes les finesses de la prose de l’auteur du mémorable Cabale. Un tire paru à une époque où la Fantasy n’avait pas encore véritablement envahie les étagères des librairies (avril 1989 pour sa première parution chez Albin Michel) et où se gros pavé aurait pu décourager bon nombre de lecteurs. Réédité depuis chez Pocket et au Fleuve Noir, après une apparition dans le catalogue France Loisirs, ce livre retrouve aujourd’hui une nouvelle jeunesse et intéressera sûrement les amateurs de Clive Barker qui pourront faire la comparaison avec sa toute récente production, Jakabok : le démon de Gutemberg (Denoël-Lunes d’Encre).

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