♦ Dictionnaire
Frankenstein ♦
(Essai) Science-Fiction / Fantastique
AUTEUR : Claude AZIZA (France)
EDITEUR : PRESSES DE LA
CITE-Omnibus, 2/2018 — 206 p., 16 €
COUVERTURE : Hélène
Crochemore
→ Dans l’univers de la littérature de
l’imaginaire le roman de Mary Shelley s’est bâti sur deux impostures. La
première, que Claude Aziza rappelle dés le début de son livre, c’est que le nom
de Frankenstein a été communément utilisé pour désigner la Créature objet de
toutes les terreurs, alors qu’il s’agit du nom de son créateur, le savant
génial Victor Frankenstein. La seconde, plus en rapport avec la thématique
générale de l’ouvrage, se rapporte à sa classification spontanée au fil des
siècles dans l’univers du Fantastique, alors qu’il s’agit, non d’un de l’un des
premiers romans de Science-Fiction, comme l’affirment certains, mais plutôt
d’un récit inclassable, véritable chez d’œuvre qui échappe aux étiquettes en se
revendiquant cependant de toutes : gothique, romantisme, récit historique,
roman populaire, etc…. Passée cette nécessaire mise au point, on pourra se
plonger avec délice dans le remarquable travail de Claude Aziza, cet érudit de
la culture populaire qui, depuis des années n’a de cesse de nous permettre
d’appréhender et d’explorer les multiples facettes de ce genre mal connu et
parfois discrédité, à travers des multiples publications que ce soit aux
Presses de la Cité, mais aussi chez Pocket et d’autres éditeurs. L’essentiel du
travail rassemblé ici s’articule autour d’un vaste dictionnaire qui, de
« l’agitation » provoquée par la publication du roman, jusqu’à
« James Whale » l’un des réalisateur qui a transposé le mythe à
l’écran, brosse un large tour d’horizon de ce qui, de prés ou de loin, peut
s’apparenter à cette fabuleuse Créature. De la genèse de l’ouvrage à ses
avatars littéraires (livres, BD) et cinématographiques (nanars inclus), en
passant par les auteurs qu’il a fasciné ou, tout au moins, interpelé (Balzac,
Gautier, Dumas, Mérimée), les interprètes et accompagnateurs qui on assuré son passage à la postérité (Boris
Karloff, Peter Cushing, Terence Fisher, Christopher Lee, Béla Lugosi), les
thématiques qu’il englobe (Satan, le Feu, Mythe de Prométhée, Savant fou)
Claude Aziza nous dit tout sur ce Monstre intemporel germé un soir d’orage de
mars 1818 sur les bords du lac Léman dans la tête de Mary Shelley, future
épouse du poète Shelley, grande admiratrice de l’illustre Lord Byron dans le
sillage duquel gravitait Polidori, auteur de Lord Ruthven, premier
personnage de vampire mâle dans une œuvre de fiction. Il revient ainsi sur les
aspects romantiques du récit, décortique l’éducation qu’a reçu la Créature, précise
le destin familial tragique de sa conceptrice (présence du père et de la mère,
nécrologie enfantine), analyse les rapprochements avec d’autres monuments comme
L’homme invisible et l’île du docteur Moreau de Wells, Dracula
de Stoker ou Jekyll & Hyde de Stevenson, décrit l’atmosphère
particulier et le contexte général qui a abouti à son élaboration, s’attarde
sur les emblématiques Warner et Universal avant de conclure sur de précieuses
annexes (Mary Shelley en dix dates, Dix premières pour Frankenstein, une
méticuleuse bibliographie et un non moins passionnant Index bibliographique).
En résumé, un véritable travail de vulgarisation, qui, sans tomber dans le
piège du volumineux essai ne touchant en vérité qu’un maigre public
universitaire, nous enseigne l’essentiel de ce que nous devons savoir sur la
Créature et le mythe qui l’entoure, tout en nous donnant l’irrésistible envie
de poursuivre l’aventure en découvrant ou redécouvrant tout ce qui a engendré
l’aura de fascination qu’il a exercé à travers le monde. Une nouvelle réussite
de Claude Aziza qui continue ainsi à défricher les territoires mal connus où
l’histoire, la littérature et le cinéma se confondent.
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