♦ Le sortilège de minuit ♦(Roman)
Jeunesse / Fantastique
AUTEUR : Irena BRIGNULL (Angleterre)
EDITEUR : GALLIMARD
JEUNESSE-Pôle Fiction, 3/2018 — 448 p., 8.15 €
SERIE : Les sorcières
du Cland du Nord 1
TO : The hawkweed prophecy Book 1, 2016
TRADUCTION : Emmanuelle
Casse-Castric
COUVERTURE : Antonin Faure
Précédente publication :
Gallimard Jeunesse-Hors Collection, 4/2017 —
368 p., 17.50 € — Couverture de Antonin Faure
→ Tout
commence comme dans le célèbre La vie est une long fleuve tranquille, par un échange
de bébé. Mais voilà, ce dernier n’est pas du à une simple erreur humaine, mais
découle du plan savamment mûri de la sorcière Crécelle. Figure dominante du
clan des Sorcières du Nord, elle compte bien anticiper la prophétie qui
désignera la future reine des sorcières en éliminant la fille de sa sœur. Et
c’est ainsi que Poppy se retrouve exilée chez les humains, tandis que l’innocente
Clarée prend sa place au sein de la communauté des ensorceleuses vivant cachées
dans les profondeurs de la forêt. Comme de juste, au fur et à mesure qu’elles
grandissent, les deux jeunes filles ne se sentent pas à leur place au sein de
l’univers qui leur a été imposé. Poppy, évoluant dans un couple formé par un père
la plupart du temps absent et une mère internée dans un centre psychiatrique,
affiche toutes les caractéristiques d’une adolescente pommée incapable de
rester dans les divers lycées qu’elle fréquente et perturbée par les phénomènes
étranges dont elle semble être depuis toujours involontairement à l’origine. De
son côté, Clarée n’est guère mieux lotie. Privée de magie, incapable de jeter
le moindre sort, elle a très vite été traitée comme une paria chez ses
supposées consœurs et obligée de vivre recluse à l’intérieur d’une roulotte. Or
voilà que l’impossible se produit. Alors qu’elles vivent chacune aux antipodes
du pays, le déménagement de Poppy va provoquer la rencontre fortuite entre ces
deux adolescentes. Et, bien qu’elles soient profondément différentes, autant
sur le plan physique que mental, le courant passe entre les deux jeunes filles
qui vont tout de suite s’apprivoiser en s’improvisant comme guides pour partir
à la découverte de leurs univers respectifs. C’est ainsi que pendant que Poppy
tentera de s’initier aux potions de sorcières, Clarée fera l’apprentissage des
multiples plaisirs qui accompagnent les journées d’une jeune fille moderne.
C’est donc un véritable plaidoyer à la gloire de l’acceptation des différence qui
est tranquillement distillé entre les pages de ce roman dont les tranches de
vies nous entraînent sur les traces de deux personnages auxquels les jeunes
lectrices auront aucun mal à s’identifier. Le livre prend une nouvelle tournure
avec l’apparition de Léo, jeune et séduisant vagabond et seul véritable mâle du
récit dans cet environnement essentiellement féminin où, en particulier chez
les sorcières dont la communauté est dominée par l’exigence de leur Art, ils ne
servent qu’en tant que reproducteurs. Bien entendu, dés son entrée en scène on
pourrait penser qu’il va semer la discorde chez les deux nouvelles amies. Mais
il en est rien car, tout de suite, le narrateur omniscient qui nous guide dans
ce roman prend le soin d’indiquer que son attirance est toute entière tournée vers
Poppy qui, malheureusement pour lui, gangrenée par la solitude qui a émaillé
son enfance, ne croit pas qu’elle est
faite pour rencontrer le bonheur et l’amour en particulier. Et pendant ce
temps, car n’oublions pas que nous somme dans un roman d’essence fantastique,
la menace se rapproche du Clan du Nord sous la forme d’une prophétie qui risque
bien de se réaliser et de leur procurer
bien des désagréments à travers le conflit qui les opposera au redoutable Clan
de l’Est. Un premier roman qui s’apparente à une véritable réussite dans le sens où le côté surnaturel s’harmonise à merveille
avec les contingences des rapports compliqués de l’adolescence avec le
background ambiant, premiers émois, difficulté d’immersion et d’acceptation
dans un milieu qui parait à la fois déplacé et incompréhensible et où l’auteur,
diplômé de littérature de l’université d’Oxford parvient à utiliser à fond son
talent de scénariste confirmées (dont l’adaptation du Petit prince réalisé par
Mark Osborne) pour nous offrir une œuvre dont le perpétuel réalisme et la
densité émotionnelle permet à chaque page de rester accroché aux développements
de l’intrigue.
Autre couverture :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire